Il s'agit d'une des pièces maîtresses des 7 doigts de la main. Après plus de 1600 représentations, tant en Europe qu'aux États-Unis, le succès de Traces ne semble pas s'essouffler.

Gypsy Snider, cofondatrice des 7 doigts, n'aurait jamais pensé que Traces serait toujours à l'affiche sept ans après sa création. «C'est une pièce qui a été faite sur mesure pour les cinq interprètes de la première mouture. Pour nous, Traces, c'était Will, Héloïse, Francisco, Raf et Brad.

«On s'est dit qu'après eux, ce serait fini», confie-t-elle.

Pourtant, Les 7 doigts de la main a mis sur pied la cinquième équipe de Traces l'automne dernier. Au plus fort de la popularité du spectacle, il y a deux ans, deux distributions de Traces étaient en place. Une qui tournait en Europe, l'autre qui se produisait à New York, à l'Union Square Theater.

Comment expliquer le succès de cette pièce que le magazine Time a consacrée, il y a deux ans, dans son top 10 des spectacles incontournables de l'année? Gypsy Snider estime que la clé est dans le rapport qui se crée entre le public et les interprètes.

«Le public se retrouve face à sept interprètes, qui se révèlent à eux petit à petit. Ils jouent, ils dansent, ils font de la musique. C'est très exigeant acrobatiquement, explique-t-elle. En fait, il y a peu de gens capables de faire Traces.» Et pourtant, chaque fois, Les 7 doigts trouve ces perles rares.

«La vérité, c'est que même s'il s'agit du même spectacle, chaque fois qu'on change la distribution, on a un nouveau show, poursuit Gypsy Snider. À cause des talents et de la personnalité des interprètes, qui teintent le spectacle. C'est ça qui est extraordinaire.»

Les artistes de cirque font leur entrée sur scène à la suite de ce qui pourrait être un cataclysme. Ils se présentent dans un lieu inhabité et désincarné. Durant l'heure et demie qui suit, ils s'affairent à colorer cet espace. En s'exprimant artistiquement. Pour laisser une trace...

Une des nouvelles recrues de la troupe s'appelle Hou Kai, acrobate chinois de 21 ans, spécialiste de diabolo. C'est lui qui remplacera Xia Zhengqi, qui faisait partie de la distribution new-yorkaise.

«Il est le deuxième enfant d'une famille qui a dû payer plus de 10 000 $ pour le garder, explique Gypsy Snider. Il a une dette envers ses parents. Dans Traces, il parle de ça. Chaque interprète se livre au public. C'est ce qui fait qu'à la fin du spectacle, on a un peu l'impression de connaître les interprètes.»

Pendant toute la durée du spectacle, on voit le temps filer. C'est un des thèmes importants du spectacle, qui explique l'urgence d'agir de ses interprètes. «Ça revient à deux mots: carpe diem, souligne Gypsy Snider. À ce moment présent qu'on veut vivre pleinement. C'est à la base de Traces

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Du 17 décembre au 4 janvier à la TOHU.

Trois numéros incontournables

> Duo de main à main

C'est le premier numéro du spectacle. L'unique fille du groupe se détache des six garçons. Un détail important dans Traces. «Il fallait une héroïne pour faire contrepoids à un groupe de garçons, explique Gypsy Snider. Il ne s'agit pas d'un duo classique amour-haine où les partenaires s'attirent et se repoussent. Plutôt la reconnaissance d'une possibilité entre deux étrangers, précise Gypsy Snider. On sait que le temps qui s'écoule pendant le spectacle induit un sentiment d'urgence. Mais pendant ce duo, le temps est suspendu. Les gestes sont plus langoureux. C'est le seul numéro qui échappe au sablier. Anne-Marie Godin et Diego Rodarte feront ce duo.

> Le numéro du fauteuil

Il s'agit d'un des plus beaux numéros de Traces. Une jeune fille lit un livre sur un fauteuil inclinable. Absorbée par sa lecture, elle multiplie les figures acrobatiques dans ce fauteuil qui bascule de tous les côtés. C'est Héloïse Bourgeois, première interprète de Traces en 2006, qui a imaginé ce numéro dans le vieux La-Z-Boy qu'elle avait dans son appartement. «C'était une belle image, explique Gypsy Snider, parce que non seulement il y a la trace de l'auteur qui a écrit le livre, mais aussi celle qu'il laisse chez son lecteur. C'est un geste très quotidien, mais qui montre qu'on peut être touché par l'art.» Après Valérie Benoît-Charbonneau (qui était à New York), ce sera au tour d'Anne-Marie Godin d'exécuter ce numéro.

> Les anneaux chinois

C'est le dernier numéro de Traces. Le temps continue de s'écouler. Il ne reste que cinq minutes avant la fin du spectacle. C'est un moment de tension et de fragilité. Les sept interprètes multiplient les sauts acrobatiques dans ces anneaux montés les uns sur les autres, qui peuvent tomber au moindre coup de vent. «C'est une discipline qui colle bien au scénario, nous dit Gypsy Snider. Les interprètes s'élancent dans une ultime tentative d'échapper à la fin.» Les artistes peuvent se reprendre jusqu'à trois fois s'ils ratent. On veut les voir réussir, car on a l'impression de connaître les artistes, à la fin du spectacle. «J'aime ce numéro, surtout, lorsque les anneaux tombent, parce que ça prend du courage pour se relever.»