Après plusieurs tentatives infructueuses, le Cirque Éloize a enfin réussi à s'inviter à Dubaï, aux Émirats arabes unis, a confirmé son directeur artistique Jeannot Painchaud. La troupe de cirque québécoise y présentera son spectacle iD au Dubai World Trade Centre du 15 au 24 août, dans un théâtre de 2800 places.

«Ça fait 10 ans qu'on essaie de s'implanter là-bas, mais c'est difficile, raconte Jeannot Painchaud. Il y a beaucoup d'intermédiaires. Cette fois, nous avons établi un partenariat direct avec la Ville de Dubaï, qui est coproductrice. On a rencontré beaucoup de gens qui nous disaient connaître telle ou telle personne, on a finalement trouvé le bon contact.»

Jeannot Painchaud parle d'un projet sans risque, où la troupe sera payée à la fois pour la présentation de son spectacle et pour les ateliers de cirque qu'elle compte offrir en marge de ses représentations, un aspect important de l'entente avec la Ville. «On profite de la reprise économique là-bas, et de la volonté de Dubaï d'attirer des touristes pendant l'été.»

iD sera présenté à 13 reprises dans le cadre de l'événement Summer Is Dubai, une campagne de trois mois organisée par le Dubai Festivals and Retail Establishment. Jeannot Painchaud, qui a conclu cette année une entente de cinq ans avec la Ville de Schenectady, dans l'État de New York, espère signer une entente similaire avec Dubaï. «On commence par une présentation, mais on verra où ça nous mènera.»

Jeannot Painchaud estime que Dubaï est une étape majeure pour Éloize. Il parle carrément de la conquête d'un nouveau marché. «C'est un marché aussi important que l'Asie pour nous, dit-il. Dubaï est en train de devenir une vraie plaque tournante du divertissement pour le Moyen-Orient, mais aussi pour l'Asie. Il y a une foule de projets qui explosent en ce moment.»

Sans le Cirque du Soleil

Le Cirque du Soleil, qui détient 50% d'Éloize et qui est présent à Dubaï depuis quatre ans, n'a rien à voir avec ce partenariat, nous dit Jeannot Painchaud. «C'est sûr que le Cirque du Soleil nous a indirectement ouvert les portes, mais il s'agit d'une démarche autonome d'Éloize», nous dit son directeur artistique.

La porte-parole du Cirque du Soleil, Renée-Claude Ménard, s'est dite heureuse de cette incursion d'Éloize à Dubaï. Elle a confirmé que le Cirque n'y était pour rien. «Nous sommes comme un grand frère. Si on peut partager nos contacts pour leur diffusion ou leur stratégie marketing, on le fait. Mais dans ce cas, c'est Éloize qui a tout fait.»

Le Cirque du Soleil suit tout de même de près la situation à Dubaï, lui qui a vendu 20% de son entreprise au groupe Dubai World en 2008. Son fondateur Guy Laliberté a d'ailleurs souvent exprimé sa déception à l'égard de ce partenariat, qui a été plombé par la crise économique.

«C'est sûr qu'on surveille la situation, nous dit Renée-Claude Ménard. On avait une stratégie de déploiement à long terme là-bas. Avec le groupe Dubai World, on espérait avoir un partenaire qui développerait des projets immobiliers là-bas et ailleurs, mais ces projets ne se sont jamais concrétisés.»

Le Cirque du Soleil a fait son entrée à Dubaï en 2009 avec la présentation d'Alegría dans la foulée de la vente partielle de l'entreprise. Le Cirque ne renonce pas à son projet de spectacle permanent là-bas, mais n'entreprend aucune démarche pour l'instant. «On voit qu'il y a une reprise économique, mais on attend encore de voir comment la Ville se positionne par rapport à tout ça.»

Le Cirque a présenté son spectacle Dralion aux Émirats arabes unis en début d'année, dans le cadre de sa tournée «en aréna». Mais Dubaï ne figure pas dans son plan de tournée de l'an prochain, selon Renée-Claude Ménard. De son côté, Éloize s'est assuré de ne pas présenter iD en même temps que Dralion. «Pour ne pas qu'on se nuise, nous dit Jeannot Painchaud. C'est sûr qu'on discute de nos stratégies avec le Cirque.»