Chaque année, depuis 10 ans, la Caserne 18-30 présente un spectacle de cirque conçu par ses membres. Des artistes de tous horizons, amateurs et professionnels, qui s'entraînent à longueur d'année dans l'immense gymnase du poste de pompiers du quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Gabrielle Favreau est une physiothérapeute de 34 ans qui travaille dans un centre de réadaptation. Elle s'est inscrite à des cours de tissu aérien il y a quatre ans avant de participer aux entraînements libres de la Caserne 18-30. L'an dernier elle a présenté son premier numéro de tissu. Cette année encore elle présente un nouveau numéro, tout en cosignant les chorégraphies de Standby

La plupart des 15 interprètes de Cirqua Zerna ont ce genre de parcours étonnant. 

Certains sont issus de l'École nationale de cirque, comme Anouk Vallée-Charest ou Chloé St-Jean Richard, mais la plupart sont des artistes autodidactes qui ont un emploi «de jour», comme Kathy Maguire, qui travaille comme coiffeuse, mais qui fera dans Standby un numéro de contorsion. Ou Rachel Gauthier, qui fait des compétitions de culture physique, mais qu'on verra dans un numéro de sangles aériennes.

«La Caserne est un lieu d'échange et d'entraide incroyables, nous dit Claudine Renaud, responsable de la Caserne 18-30. Tous les jeunes partagent le même espace. Il y a des pros, mais aussi des jeunes de la relève. Il y a un véritable esprit communautaire. Tous ceux qui travaillent à la conception du spectacle annuel le font bénévolement. L'an dernier, ils ont travaillé 1500 heures!»  

Cette année, c'est le Montréalais d'origine allemande Mirko Trierenberg qui signera la mise en scène. Cet ancien diplômé de l'École nationale de cirque de Montréal a participé au spectacle annuel de la Caserne à trois reprises. Cette fois, il a conçu Standby avec l'aide de six bénévoles, dont la chorégraphe Marie-Josée Lareau, qui a notamment travaillé avec le Cirque du Soleil, et l'entraîneur acrobatique Jinny Jacinto.

«Je voulais construire un spectacle proche de la réalité des interprètes, nous dit Mirko Trierenberg, qui travaillera cet été comme coordonnateur artistique avec les 7 doigts de la main pour la reprise à Mexico de la pièce A Muse. J'avais envie de montrer le travail qui mène à la création d'un spectacle de cirque. De sorte que le spectateur verra ce qui se passe dans les coulisses, avant un show.»

La scène sera donc en vérité l'arrière-scène. Celle où les artistes s'entraînent, s'amusent, partagent le même espace, attendent, font leur numéro, se blessent aussi. «Nous avons aussi conçu une chorégraphie construite sur le marquage, détaille Mirko Trierenberg. C'est-à-dire la répétition des mouvements que font les artistes sans leurs appareils de cirque. C'est très beau.» 

Trapèze danse, tissu, sangles, roue allemande, diabolo, hula-hoop, les numéros de ce «faux» spectacle seront individuels et collectifs. Sur une musique composée par Laurent Aglat. À trois reprises, le metteur en scène nous mettra en situation de représentation. Pour montrer l'aboutissement de ce travail d'entraînement. Un travail qui a commencé il y a seulement deux mois. 

Le titre du spectacle, Standby, fait référence au signal qu'envoie le régisseur aux artistes juste avant d'entrer en scène. Un signal qu'attendent avec impatience les artistes de Cirqua Zerna, qui seront sur une «vraie» scène!

Sous le chapiteau du CCSE Maisonneuve (4375, Ontario Est), juste derrière le marché Maisonneuve, vendredi et samedi soir.

***

La Caserne 18-30



La Caserne 18-30 est un centre de loisir communautaire du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui offre des cours spécialisés dans des disciplines de cirque.

Trapèze, tissu, cerceau, contorsion, jonglerie. Il suffit de s'inscrire. Les jeunes âgés de 18 à 30 ans (parfois jusqu'à 35 ans) peuvent aussi s'entraîner librement dans le gymnase de la Caserne où se côtoient amateurs et professionnels. Tout a commencé dans les années 70, rappelle la responsable de la Caserne Claudine Renaud. «Yvan Côté avait mis sur pied le projet Toxico, qui visait à réintégrer des jeunes en difficulté en les initiant au cirque.»

Petit à petit la Caserne 18-30 est devenu un lieu de formation pour tous les amateurs de cirque. «C'est le seul lieu d'entraînement libre à Montréal, insiste Claudine Renaud. Ça reste du cirque social parce qu'on veut favoriser l'accessibilité et aussi parce qu'on intègre parfois des jeunes qui ont des difficultés. Notre objectif est de donner la chance à des amateurs de cirque de présenter un spectacle professionnel. Pour se faire reconnaître.»