Oh! que les attentes étaient grandes pour cette nouvelle création de Daniele Finzi Pasca!

Il faut dire que le metteur en scène suisse-italien nous a éblouis par le passé, notamment avec ses pièces Rain et Nebbia, créées avec le Cirque Éloize. En explorant le thème du surréalisme de Dali, on a cru que la folie des deux créateurs ferait mouche. Ce n'est pas le cas.

La verità n'atteint pas ces sommets. Pas encore, à tout le moins. La pièce manque de rythme, s'étire en longueur et en langueur; les tableaux sont inégaux et l'imagerie dalinienne, pas toujours efficace. Enfin, la présence abusive de deux clowns verbomoteurs porte ombrage à l'ensemble de la création et éclipse les trouvailles scéniques du metteur en scène.

Le fameux rideau de scène peint par Dali - par ailleurs magnifique - s'intègre parfaitement à certaines scènes, mais on s'y réfère constamment, comme pour justifier sa présence. Pas nécessaire. Il y a beaucoup trop de mots autour d'une oeuvre qui parle d'elle-même. La vérité est qu'elle devient parfois encombrante.

Malgré ces imperfections, la touche magique de Finzi Pasca est présente du début à la fin. Dans la finesse des détails qui y sont parsemés. La pièce a un potentiel évident. Les duos acrobatiques et musicaux inspirés des personnages de Tristan et Iseult représentés par Dali sont d'ailleurs tous d'une très grande beauté.

Exemple de la finesse du metteur en scène: à la fin du numéro de main à main, c'est la voltigeuse Catherine Girard qui porte son partenaire sur le dos jusqu'à leur sortie de scène. Autre moment fort du spectacle: le duo sur le carré (appareil aérien apparenté au trapèze), tout simplement superbe.



Une deuxième partie plus solide

La deuxième partie de La verità rachète (partiellement) les fausses notes du premier volet, qui peine à décoller. Le rythme s'accélère, la musique en direct (piano, accordéon, violon) magnifie les numéros acrobatiques et les clowns sont moins présents (et plus pertinents).

Lorsque la jeune accordéoniste interprète l'air de Casse-Noisette en effleurant des coupes de verres remplies d'eau, on est vite reconquis. Pareil avec le numéro de hula-hoop d'Évelyne Laforest, tellement gracieuse. Des numéros marquants qui nous font oublier ces numéros sortis du champ gauche, comme ce contorsionniste manipulé par une poupée géante...

Les nouveaux appareils de cirque que l'on découvre sont aussi fascinants. Qu'il s'agisse de cet oeil - sorte de cerceau aérien - à l'intérieur duquel on trouve un, puis deux interprètes, référence subtile à l'imagerie de Dali. Ou alors de cette immense roue (la zag), à la fois lourde et légère (autre parallèle à la peinture de Dali), manipulée par un puis plusieurs interprètes.

Autre grande force de La verità: les éclairages et les projections. Les ambiances et les textures visuelles sont extraordinaires. Avec certains tableaux - comme ce champ de pissenlits -, l'effet est saisissant. Les jeux d'ombres des interprètes, derrière le rideau de scène, sont également magnifiques.

Ce sont ces références plus subtiles à l'imagerie de Dali qui donnent de la profondeur à ce nouveau spectacle à peaufiner, rempli de belles promesses.

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Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts jusqu'au 3 février.