La compagnie de cirque Les 7 doigts de la main commence l'année en lion. Son adaptation de la comédie musicale Pippin, pilotée par la metteure en scène américaine Diane Paulus, vient d'être programmée à Broadway ce printemps.

Pippin, dont les chorégraphies acrobatiques ont été réalisées par Gypsy Snider des 7 doigts de la main, prendra l'affiche au Music Box Theater de New York à partir du 23 mars, ont confirmé hier les producteurs américains Barry et Fran Weissler. La première officielle doit avoir lieu le 24 avril dans ce théâtre phare de Broadway, une salle d'environ 1000 sièges.

Pippin, qui fait un retour à Broadway 40 ans après sa création en 1972, est présentée depuis le 3 janvier à l'American Repertory Theater de Cambridge, dans une mise en scène de Diane Paulus. La pièce tiendra l'affiche du petit théâtre bostonais jusqu'au 20 janvier. Le personnage principal est interprété par Matthew James Thomas (Spider-Man: Turn Off The Dark). Pippin a également été chorégraphiée par Chet Walker, un vieux routier des musicals.

La pièce créée par Stephen Schwartz dans les années 70 (Magic To Do, Corner of the Sky, Glory, Morning Glow, etc.) avait tenu l'affiche pendant cinq ans, ramassant au passage cinq Tony Awards, dont le prix de la meilleure mise en scène remis à Bob Fosse. Pour son retour dans la Grosse Pomme, Diane Paulus (Hair, Porgy and Bess) avait envie d'y ajouter des numéros de cirque. C'est pendant qu'elle travaillait sur Amaluna (Cirque du Soleil) qu'elle a rencontré Gypsy Snider la première fois.

«Nous avons commencé à travailler sur ce projet il y a deux ans et demi, raconte la cofondatrice des 7 doigts de la main. Nous sommes là depuis le début du processus de création, de sorte que le cirque a pu être complètement intégré à la pièce. Ç'a été une expérience géniale de trouver les bonnes images acrobatiques pour raconter cette histoire de façon théâtrale.»

Pippin est le nom du fils de Charlemagne, roi de France. Un jeune homme qui cherche à faire sa place et à s'épanouir dans un monde tracé d'avance. Pippin est l'histoire de sa quête existentielle, contée par une bande de troubadours. Cette vie extraordinaire dont il rêve tant, il croira la trouver en faisant la guerre, en flirtant avec la politique, le pouvoir, la luxure et même la vie en campagne.

Production de 8 millions de dollars, Pippin comprend une distribution de 22 interprètes, dont 7 artistes de cirque. Pour Gypsy Snider, l'intégration du cirque allait de soi.

«En se collant à ces différents univers, j'ai imaginé des chorégraphies. Comme dans les scènes de guerre, j'ai imaginé des acrobaties au sol, avec des numéros de mâts chinois et de jonglerie avec des couteaux. On enchaîne notamment avec un numéro aérien.»

«Un de nos défis, poursuit Gypsy Snider, était de recruter des artistes de cirque capables de jouer, de danser et parfois même de chanter. Nous avons auditionné plus de 300 artistes. Mais il a aussi fallu concevoir des numéros acrobatiques pour les interprètes de Pippin, qui sont des acteurs et des chanteurs. Par exemple, la chanteuse qui interprète le rôle de la grand-mère de Pippin [Andrea Martin] a 66 ans, mais elle fait un numéro avec un de nos artistes!»

L'originalité de Pippin est aussi dans sa construction dramatique, du théâtre dans le théâtre. Dans le livre écrit par Roger O. Hirson, c'est en interprétant le personnage de Pippin que l'acteur principal se remet en question.

«Sa crise existentielle, il la vit à travers l'histoire de Pippin, souligne Gypsy Snider. Nous nous sommes donc servis de cette troupe d'acteurs qui interprète Pippin pour justifier la présence d'une troupe de cirque. Nous avons campé l'action dans un vieux chapiteau. Il y a quelques numéros de cirque pur, mais l'essentiel du contenu acrobatique est lié à l'histoire. C'était le défi, et je pense que le cirque réussit à amener l'histoire plus loin.»