Après avoir ébloui les spectateurs à Moscou, New York et Madrid, le spectacle Zarkana du Cirque du Soleil débarque à Las Vegas, et devient le septième spectacle permanent de la troupe québécoise dans la capitale du jeu. La Presse était à la première vendredi.

Vers le milieu de Zarkana, des serpents immenses semblent émerger du sol. Ils glissent vers le plafond, de part et d'autre de la scène. Pendant un moment, le public se retrouve dans un aquarium à reptiles - et ce sont les reptiles qui ont le dessus.

Puis l'oeil détecte le truc: les serpents sont des animations virtuelles. Mais ils aident les artistes à remplir la mission qu'ils ont entreprise: celle de nous plonger dans un univers complexe, où le danger est omniprésent, et les accalmies, rares.

Zarkana, dont la première a eu lieu vendredi, prend la place de la production Viva Elvis, retirée de la programmation cet été, après deux ans et demi de représentations. L'hommage au «roi» de Las Vegas, Elvis Presley, n'a pas eu le succès commercial auquel le Cirque s'attendait.

Retour aux sources

Zarkana est présenté dans un amphithéâtre de 1840 sièges, à l'hôtel Aria.Le spectacle raconte l'histoire d'un magicien désabusé qui a perdu sa compagne et qui plonge dans un monde irréel en tentant de la retrouver. Cela dit, comme dans bien des spectacles du Cirque, on y vient moins pour suivre le scénario que pour admirer les artistes et les acrobates.

Et les spectateurs sont servis. Des trapézistes ignorent les lois de la gravité et attrapent une main juste avant le plongeon. Une acrobate virevolte dans les airs et atterrit sur ses pieds sur une poutre flexible portée par deux hommes forts.

Avec des numéros de jonglerie, de sauts périlleux, d'équilibre sur échelles et de trapèze, Zarkana semble renouer avec les origines du Cirque du Soleil. Entre les numéros de voltige, des clowns de type «arroseur arrosé» font rigoler les spectateurs.

La musique, rock avec un penchant tribal «world» et des voix qui chantent dans un langage inventé, est typique du Cirque du Soleil.

L'auteur et metteur en scène de Zarkana, François Girard, a marié projections visuelles et performances acrobatiques pour produire un spectacle doté d'un ADN qui lui est propre. Le spectacle compte 70 artistes sur scène et mise beaucoup sur le chant et la voix, notamment celle de Zark, un rôle joué à l'origine par le chanteur Garou et aujourd'hui assuré par Paul Bisson.

Dans certains tableaux, l'omniprésence de la voix distrait le spectateur, qui réalise avec un moment de retard qu'un acrobate vient de voler au-dessus de la scène sans y laisser sa peau.

Zarkana est à son meilleur quand il tombe dans l'absurde: un personnage féminin en colère débarque sur scène, fait claquer son fouet et engueule les clowns dans un langage imaginaire parsemé de mots en français et en anglais. Une autre tombe dans un réservoir et devient un bébé animé au visage déformé et troublant.

Zarkana est aussi capable de laisser le talent s'exprimer sans point d'exclamation. Un numéro présente un danseur solo, vêtu de blanc, qui bouge avec grâce au son d'un piano. Le danseur est seul au milieu de la scène vide, mais il semble occuper tout l'espace. Au terme du spectacle, quand les artistes sont revenus sur scène pour une ovation, c'est lui que les spectateurs ont le plus applaudi.