C'est l'aînée de sa promotion. À 25 ans, Shannon Gélinas s'est spécialisée en tissu aérien après avoir étudié en danse contemporaine à l'UQAM. Durant sa formation de quatre ans à l'École nationale de cirque, elle a aussi fait du trapèze double et du cadre russe.

Sous ses airs angéliques, on découvre une jeune femme avec beaucoup de caractère et de fougue. Son plus grand atout? «Sa vitesse», répond Irena Purschke, spécialiste de la corde lisse qui l'a suivie pendant la dernière année. «C'est ce qui lui a permis de se démarquer des autres.» Au cours de sa formation, cette native de Shawinigan a appris à focaliser sur les aspects positifs de son travail. «Mes formateurs, que ce soit Elena Fomina (spécialiste de contorsion) ou Véronique Thibeault (spécialiste de tissu et de trapèze), m'ont appris la confiance. Elles m'ont rendue plus forte psychologiquement», dit-elle.

Pourquoi faire du cirque? «J'ai remporté la finale nationale de Cégep en spectacle, en 2006, avec un numéro de danse. Durant cette finale, j'ai rencontré une participante qui faisait un numéro de tissu aérien. C'est la première fois que je me suis dit : J'aimerais pouvoir faire ça. Plus tard, j'ai vu un spectacle des 7 doigts de la main (Traces) et je me suis dit que j'allais tenter ma chance.»

Il reste que s'enrouler et se dérouler avec du tissu à 40 pieds dans les airs sans avoir l'air d'être mal pris est un art qui exige beaucoup de patience et de travail. «Le tissu fait appel à la même énergie que la danse contemporaine, estime Shannon Gélinas. Au-delà de l'apprentissage technique, il faut trouver son propre langage, faire sa propre recherche artistique.»

Un des défis du tissu, comme des autres disciplines de cirque d'ailleurs, c'est de rester concentré. «Un des risques est d'être tellement habitué à faire certains mouvements qu'on se met sur le pilote automatique, explique Shannon. C'est là que ça peut être dangereux.»

Le comédien, danseur et metteur en scène, Nicolas Cantin, a été le conseiller artistique de Shannon pendant deux ans. «Ce qui m'a le plus impressionné, raconte-t-il, c'est sa façon de travailler le tissu, j'avais rarement vu ça. Le fait d'avoir fait de la danse avant l'a sans doute aidée à trouver son style, mais elle n'avait jamais fait de cirque. Elle a fait une progression hallucinante en quelques années. Moi, j'étais là pour l'aider à aller jusqu'au bout de ses idées.»

Son numéro final, elle en est fière. «Je sens que j'ai été fidèle à qui je suis en préparant mon numéro. On peut facilement se perdre en chemin, si on fait tout ce que les autres veulent qu'on fasse. Finalement, mon numéro traitait de ce combat-là, celui de savoir qui on est vraiment.»