Depuis sa fondation, il y a 30 ans, l'École nationale de cirque de Montréal est devenue l'une des écoles professionnelles les plus réputées du monde. Année après année, elle forme une vingtaine d'artistes qui peuplent la planète cirque. La Presse a suivi trois finissants afin de mieux comprendre leur parcours.

Avant que Montréal ne devienne «complètement cirque», ses artisans de la première heure ont fait un petit crochet par l'Europe de l'Est, dans les années 70, là où le cirque avait des racines profondes. Plusieurs d'entre eux ont ainsi été formés en Hongrie, dans ces écoles qui se réclamaient de la grande École de l'art du cirque de Moscou. À leur retour, ils ont jeté les bases d'une formation complète dans les arts du cirque.

Il faut le souligner, l'École a été à l'origine de la création du Cirque du Soleil. Deux autres cirques ont par la suite été créés par ses finissants: Éloize et les 7 doigts de la main. Et l'aventure se poursuit avec de nouveaux projets et des compagnies sur le point d'éclore. Aujourd'hui, l'École nationale de cirque de Montréal est devenue LE lieu de formation par excellence du cirque contemporain et attire, notamment, des jeunes d'Europe de l'Est.

«Il y a aujourd'hui très peu d'écoles professionnelles de cirque, dit le directeur général Marc Lalonde, issu du milieu de la danse. «Cette école-ci, née à Montréal il y a 30 ans, a favorisé la création de compagnies et de projets sur une terre qui n'était pas une vraie terre de cirque. Mais c'est une terre où on avait toute la liberté de faire du cirque sans trop s'accrocher dans la tradition et les dynasties, ce qui a probablement contribué à son développement.»

Au fil des ans, les récompenses ont confirmé la qualité de la formation de l'École. Au mois de janvier dernier, quatre diplômés ont remporté des médailles d'or au réputé Festival mondial du cirque de demain à Paris pour leurs duos de planche sautoir et de mât chinois. Comment l'École en est-elle arrivée là? «Je pense que le milieu du cirque reconnaît la profondeur de notre formation et la maîtrise disciplinaire de nos diplômés, répond Marc Lalonde. Cela tient aussi, bien sûr, à la qualité de notre formation.»

Les 24 élèves qui commencent le programme professionnel de trois ans ont un défi énorme à relever: apprendre à maîtriser une discipline de cirque, mais aussi tenter d'y ajouter des éléments innovateurs pour l'amener encore plus loin. En plus de leurs cours obligatoires du collégial, ils suivent des cours de psychologie, d'anatomie, de danse, mais aussi de trampoline, de musculation, de flexibilité. Ils doivent également maîtriser une deuxième discipline. En moyenne, ils passent 30 heures par semaine à faire du cirque.

Autre réalité avec laquelle ils doivent composer: les blessures. Il y a bien sûr les accidents, heureusement plus rares, mais les blessures mineures sont fréquentes. C'est l'un des beaux paradoxes des arts du cirque. Pour maîtriser un numéro à la perfection, il faut le répéter inlassablement. Mais les mouvements répétitifs entraînent des tendinites, inévitablement.

Une fois leur discipline choisie, les élèves travaillent avec un spécialiste et un conseiller artistique. Avec eux, ils vont construire leur numéro de fin d'année, qu'ils présentent devant un parterre où se trouve un jury, mais aussi des dépisteurs. Un numéro de 7 minutes qu'on pourrait qualifier de déterminant pour leur entrée «dans le vrai monde».

«C'est important qu'ils soient très forts en sortant de l'École, parce qu'ils ont besoin de travailler tout de suite, précise Marc Lalonde. La plupart des finissants vont trouver du travail dans les mois qui suivent l'obtention de leur diplôme.»



La fondation de l'École nationale de cirque en chiffres


L'École nationale de cirque est née en 1981 d'une rencontre entre des clowns, des comédiens et des gymnastes, selon la petite histoire de l'École racontée par Pascal Jacob et Michel Vézina dans Désirs de vertiges.

En l'occurrence entre Guy Caron (premier directeur), qui formait un trio de clowns avec Rodrigue «Chocolat» Tremblay et Sonia Côté; le comédien Michel G. Barrette, influencé par le mime Decroux, qui a dirigé L'Atelier continu et L'escouade de l'Instant tanné; et André Simard, entraîneur de l'équipe canadienne de gymnastique, qui formait de jeunes athlètes au Centre Immaculée-Conception.

D'abord baptisée Circus, l'École faisait aussi tourner ses spectacles. Ces tournées ont d'ailleurs mené à la création du Cirque du Soleil. En 1989, l'École a quitté le Centre Immaculée-Conception pour élire domicile à la gare Dalhousie, qu'elle a occupée jusqu'en 2003. Elle se trouve depuis dans la Cité des arts du cirque, aux côtés du siège social du Cirque du Soleil et de la TOHU.

L'École nationale de cirque en chiffres

Nombre d'élèves au secondaire : 26

Nombre d'heures consacrées au cirque : 20h/semaine

Nombre d'élèves au collégial : 80

Nombre d'heures consacrées au cirque : 30h/semaine

Programme préparatoire : 9 à 12 ans

Proportion d'étudiants étrangers: 30%

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Les deux spectacles des finissants, La flèche au coeur et Génération 2.0 seront présentés en alternance du 29 mai au 10 juin à la TOHU.