Le nouveau spectacle acrobatique de Daniele Finzi Pasca, La verità, sera centré sur l'univers surréaliste du peintre espagnol Salvador Dali, a annoncé le metteur en scène suisse-italien hier à la Place des Arts.

La pièce, produite avec sa compagne Julie Hamelin (cofondatrice du Cirque Éloize), sera présentée à la salle Maisonneuve de la Place des Arts du 17 janvier au 3 février 2013. La verità entamera ensuite une tournée en Amérique du Sud, jusqu'à l'été, puis en Europe à l'automne, notamment en Suisse, en France, en Italie et, bien sûr, en Espagne.

L'élément principal du décor de La verità est un immense rideau de scène peint par Dali à New York en 1944 pour un ballet inspiré de l'histoire de Tristan et Iseut. La toile de 9 mètres par 15 mètres représentant les deux amoureux a été prêtée par une fondation privée européenne. Il s'agit d'un des rares objets de cette production à avoir été conservé. La toile, restaurée il y a trois ans, pourra être vue le jour par les amateurs d'art. Elle n'arrivera à Montréal qu'à l'automne.

«C'est un cadeau de Noël qu'on a reçu le 24 décembre 2010, raconte Finzi Pasca. Un ami m'a téléphoné pour me dire qu'une fondation privée avait fait l'acquisition d'un rideau de scène peint par Salvador Dali dans les années 40. Cette fondation était intéressée à la faire revivre. Elle n'a pas été vue depuis 60 ans! On nous l'a offerte et c'est comme ça qu'on a décidé de construire un spectacle autour de Dali. C'est comme si le poissonnier nous avait dit: on a aujourd'hui un gros poisson pour vous. Maintenant, il faut trouver la recette! On procède par intuition.»

Du rêve à La vérité

Le titre du spectacle, La verità, a été trouvé avant le thème du spectacle, explique Julie Hamelin. «Daniele travaillait au scénario d'un film à paraître (La piazza San Michele). Et j'ai demandé à Daniele si un des passages écrits était vrai. Il m'a répondu: "La vérité est tout ce qu'on a rêvé, ce qu'on a vécu, ce qu'on a inventé, et qui fait partie de notre mémoire." Je lui ai alors dit : "La vérité, ce sera le titre de notre prochain spectacle." »

La conception du spectacle n'en est qu'à ses premiers balbutiements, mais déjà l'esthétique du metteur en scène prend forme. «Ce rideau est le point de départ de La verità. La pièce parlera du peintre, de l'homme qui écoutait Wagner, du provocateur qu'il était. Mais nous évoquerons bien sûr Tristan et Iseut. Jamais cette pièce n'a été adaptée pour le cirque. Pourtant, le geste acrobatique se marie parfaitement au discours surréaliste. La toile nous a par exemple inspiré des duos acrobatiques.»

Le casting vient d'être complété. Une douzaine d'acrobates font ainsi partie de la distribution, dont trois Québécois, qui ont joué dans l'une ou l'autre des trois pièces que Finzi Pasca a créées dans les années 2000 pour le Cirque Éloize (Nomade, Rain et Nebbia). La musique composée par Maria Bonzanigo sera enregistrée avec l'Orchestre symphonique de Lugano (lieu de naissance du metteur en scène) en septembre, mais les interprètes joueront également sur scène. Les répétitions débuteront à l'automne. En attendant, le metteur en scène poursuit ses recherches sur Dali.

«Le surréalisme est un mouvement clé dans l'art contemporain, qui nous ouvre de nouveaux horizons. Dali a fait l'analyse de ses paranoïas. Dans la toile, Iseut est voilée, je trouve ça intéressant. À l'image des statues voilées qu'on peut voir à la chapelle de San Severo à Naples et qui ont inspiré Dali. Comme si la réalité devait parfois être voilée. Nous sommes en train de comprendre cet univers. Les numéros acrobatiques - jonglerie, cerceau, sangles - se grefferont à tout ça.»

Daniele Finzi Pasca avait créé il y a deux ans la pièce Donka, une lettre à Tchekhov, spectacle acrobatique impressionniste qui marquait les 150 ans de naissance du dramaturge russe. Il a également mis en scène des opéras, dont Aïda l'été dernier au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Finzi Pasca refera d'ailleurs équipe avec le chef Valery Gergiev pour la création du Requiem de Verdi aux prochaines Nuits blanches de Saint-Pétersbourg en mai.

Photo fournie par la Compagnie Finzi Pasca

L'élément principal du décor de La verità est un immense rideau de scène peint par Dali à New York en 1944 pour un ballet inspiré de l'histoire de Tristan et Iseut.