Cette semaine, la TOHU reçoit de la grande visite du pays des kangourous. La troupe de cirque australienne C!rca, qui nous a émerveillés l'été dernier avec Wunderkammer, nous revient avec sa pièce éponyme C!RCA dans laquelle figure sa nouvelle recrue québécoise: Valérie Doucet.

La troupe australienne avait ouvert le festival Montréal complètement cirque l'an dernier avec sa pièce Wunderkammer, savant mélange de danse et de cirque, sensuel, drôle et burlesque. Une pièce centrée sur ses interprètes, sans fard ni artifice. Une des plus belles pièces de la programmation du festival.  

C!rca, créé en 2009 par Yaron Lifschitz, est de la même étoffe. Une pièce axée sur le travail de l'artiste de cirque. «J'ai toujours dit que je voulais montrer à la fois la force et la vulnérabilité des artistes de cirque, nous dit le directeur artistique. C!rca montre le plaisir et la souffrance qu'ils éprouvent dans l'exécution de leur art. On ne veut rien masquer, au contraire.»

La pièce n'a pas vraiment de thème, mais à la fin, Yaron Lifschitz jure que le public aura l'impression de mieux connaître les sept membres de sa troupe. Grâce à une communication acrobatique, où chaque artiste se révèle par lui-même ou par les autres. Beaucoup par la danse. Dans une recherche identitaire qui s'exprime par des numéros originaux, souvent déconstruits.

Exemple. Dans Wunderkammer, un des numéros mettait en scène une artiste dans un striptease acrobatique, mais présenté à l'envers. Elle arrivait sur scène en sous-vêtements, et dans une chorégraphie acrobatique extraordinaire, se rhabillait, un vêtement à la fois. Un numéro beau, sensuel et surprenant, à l'image de toutes leurs créations.

Une Québécoise dans les rangs

L'une des interprètes de cette nouvelle mouture de C!rca vient du Québec. Il s'agit de Valérie Doucet, seule non-Australienne à se joindre à la troupe de Yaron Lifschitz. Diplômée de l'École nationale de cirque de Montréal en 2010, l'équilibriste a travaillé avec le Cirque Éloize pendant un an et demi dans la pièce Rain - qui a pris fin au mois de décembre dernier -, avant de sauter dans le train de C!rca.

«J'avais vu la pièce By The Light Of Stars That Are No Longer [à la TOHU en 2009] et j'avais adoré, a confié Valérie Doucet dans un entretien téléphonique. Il y a une recherche acrobatique vraiment intéressante. Avec C!rca, le cirque devient un moyen d'expression unique. C'est très stimulant. Et puis, les membres de l'équipe sont tous des passionnés.»

Yaron Lifschitz a eu un coup de coeur pour l'artiste québécoise âgée de 22 ans. «Je l'ai vue par hasard dans un numéro de l'École nationale où elle dansait sur une musique que j'avais moi-même utilisée dans un de nos premiers spectacles, et puis je l'ai trouvée extraordinaire. Je trouvais que son travail ressemblait beaucoup à ce que nous faisions.»

Dans C!rca, l'équilibriste, qui est aussi une contorsionniste naturelle - elle avait d'ailleurs un magnifique numéro de contorsion où elle chantait dans Rain - sera très présente sur scène. «Je fais des acrobaties en duo, j'ai un numéro d'équilibre et je participe à plusieurs numéros collectifs, dont «le lancer de la fille».»

La troupe C!RCA utilise peu d'appareils acrobatiques. Il y a des numéros de trapèze ou de corde, mais l'essentiel des numéros se fait à bras-le-corps: main à main, banquine, tours, tumbling. «Il y a plusieurs numéros collectifs, précise Yaron Lifschitz, mais chaque artiste a l'occasion de s'exprimer individuellement. L'idée est de découvrir l'humain derrière l'artiste de cirque.»

La musique revêt une importance capitale dans les productions de C!rca. On y entendra des pièces de Jacques Brel (Sans exigence et Valse à mille temps), Leonard Cohen (I Came So Far For Beauty), Radiohead et Sigur Rós. «La musique rythme nos pièces et contribue à créer des univers riches et denses qui sont construits en réaction au formalisme du cirque contemporain», conclut Yaron Lifschitz.