La démarche d'Andréane Leclerc est assez singulière. Cette contorsionniste issue de l'École nationale de cirque propose cette semaine un dialogue avec le public sur la recherche du moment présent. Résultat: une forme abstraite et éphémère où l'artiste partage le bien-être que lui procure la contorsion. En invitant même parfois des spectacteurs à prendre place à côté d'elle!

Créée lors d'une résidence à la TOHU il y a deux ans, Di(x)parue s'inspire notamment de la lecture de La logique de la sensation de Gilles Deleuze et des peintures de Francis Bacon sur le corps déformé. Andréane Leclerc entreprend ainsi une performance «spectaculaire», porteuse de sens, où elle montre tout, sans masquer l'effort.

«Tous les soirs, je pars avec l'image d'un bébé qui est mort dans le ventre de sa mère, précise Andréane Leclerc. Je me suis posé la question: à quel moment dans nos vies, est-ce qu'on vit le moment présent? J'en suis arrivé à me dire que c'est à la naissance et à la mort qu'il y a ce laisser-aller de l'âme et du corps, qui est la rencontre du passé et du futur.»

Cette rélexion nourrit la performance de l'artiste. «Je veux que le public soit confronté à ses propres perceptions. Parce que pour moi, la contorsion, c'est beaucoup plus que les mouvements que je suis capable d'exécuter avec mon corps. C'est une vision, une perspective, c'est qui je suis.»

Le questionnement de la jeune femme originaire de Gatineau, qui est entrée à l'École nationale de cirque dès l'âge de 9 ans, et qui a grandi en faisant de la contorsion, remonte à 2003. Cette année-là, après avoir tourné avec le Cirque Éloize dans Orchestra, Andréane Leclerc s'est retrouvé en Suisse pendant plusieurs mois avec la compagnie Circus Nock.

À deux reprises, à la fin de son numéro de contorsion, elle est sortie de scène sans aucun applaudissement.

«J'ai salué le public trois fois dans le silence complet. Cette expérience m'a totalement remise en question. Moi, pour qui la contorsion est une forme de langage depuis que je suis enfant. La communication avec le public ne passait manifestement pas. D'où ma recherche et ce solo, qui vise à partager avec le spectateur le sens de cette forme d'expression.»

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Présenté par Tangente au Monument-National du 3 au 6 novembre.