Le Théâtre de la Chapelle présente dès ce soir et jusqu'au 4 octobre Notre Damn, un opéra actuel de Rachel Burman où la danse contemporaine s'immisce...

Rachel Burman veut faire bouger les chanteurs lyriques. Pas question d'hyperactivité à la Édouard Lock, cependant: la compositrice cherche plutôt à mettre en place une «chorégraphie de gestes» dans son travail qui va de la musique à la mise en scène avec sa création Notre Damn.

«En fondant ma compagnie Opéra Foe, dit-elle, je voulais unir chant et chorégraphie. En opéra, les interprètes ne bougent pas beaucoup. Je crois qu'en créant une gestuelle, on peut soutirer le chant classique du contexte narratif pour l'amener vers l'étrange et l'onirique, là où le geste devient l'extension de la voix humaine.»

Les rives du fantastique

Le livret aborde ces rives du fantastique. Notre Damn traite d'un trio de soeurs renégates parties de l'Angleterre à la fin du XIXe siècle pour fonder une mission dans un pays lointain. Elles abandonnent leur vocation religieuse, mais pas leurs idéaux.

«C'est un texte très libre, explique Rachel Burman, avec des mots en anglais, en latin et dans une langue inventée. Mais on n'a pas besoin de comprendre la langue pour saisir le drame qui se joue devant nous. Ce n'est pas une pièce de théâtre chantée.»

La compositrice avait besoin de trois interprètes exceptionnelles pour mener à bien cette aventure audacieuse. Deux mezzos, Marie-Annick Béliveau et Anne Julien, et une soprano, Janet Warrington, joueront dans Notre Damn.

«Elles ont vraiment démontré une grande ouverture d'esprit, dit Mme Burman. Ce sont trois merveilleuses chanteuses qui avaient envie d'essayer autre chose, d'autant plus qu'il y a un peu d'improvisation dans le spectacle.»

Sur scène, Rachel Burman jouera du violoncelle et de la «pédale-boucle», un outil beaucoup plus utilisé par les musiciens rock. André Papathomas complète «l'orchestre» avec ses instruments inventés. Sarah Williams a travaillé à la chorégraphie.

Mis en place en partie grâce au financement participatif, ce spectacle de 70 minutes se place donc résolument sous le signe de la découverte pour yeux et oreilles friands d'avant-garde.

«Une chance que je suis bien entourée, avoue Rachel Burman. C'est ma première création. J'essaie de rester calme, mais j'ai des papillons dans l'estomac.»

Comment dit-on «papillon» en gestuelle chorégraphiée? Réponse ce soir et jusqu'à samedi au Théâtre de la Chapelle.