Francine Lareau, l'actrice qui voulait devenir humoriste malgré ou à cause de sa cinquantaine de printemps, pendant qu'il est encore temps de changer de costume dans la vie, Francine Lareau a pleinement réussi son pari.

Son spectacle Chu pas connue (encore!) qu'elle présente à la Balustrade du Monument-National jusqu'à ce samedi soir, est un petit bijou.

Toute de rouge vêtue, elle pénètre sur scène avec cet air de folie qui fait sa marque de commerce depuis un an sur internet avec ses capsules de la Folle de YouTube.

Mais sur scène, c'est l'actrice qu'on découvre, l'actrice comique qui aborde le conflit étudiant avec des jeux de mots, sans agressivité et beaucoup de dérision: «Avant, je portais quelques gouttes de Chanel no 5, maintenant je porte quelques grains de poivre de Cayenne!» ou bien: «Y'a des policiers qui se font tirer des boules de billard et pendant ce temps y'a des gens qui jouent sans boules de billard!»

Ses cris sont longs et perçants. Elle parle avec un débit où l'on reconnaît l'actrice habituée aux tirades et douée pour dérouler un texte d'une façon tellement naturelle.

«Le tract c'est comme la dépression, mais c'est beaucoup plus violent et réservé aux artissses!», dit-elle en glissant sur les s.

Elle nous parle d'ailleurs du désespoir de l'actrice qui attend des rôles, qui vérifie si son nom est bel et bien dans le Bottin des artistes puis quelques mois plus tard si son numéro de téléphone est bel et bien le bon, car personne ne l'appelle...

«Que dit l'actrice quand elle n'est pas invitée aux auditions, elle ne dit rien, elle est habituée!» Car nous dit-elle, elle ne peut pas faire comme un plombier et baisser ses prix!

Et elle doit être en forme tout le temps: «Quand tu meurs au théâtre, faut pas que tu te blesses, car le lendemain faut que tu meures aussi!»

Elle parle aussi de l'attente, du quotidien, de la famille, de la santé, de la maladie, de l'éducation, de l'espoir, de la vie, quoi!

Et quand Rosaire, son complice de la régie, le lui permet, elle se permet des apartés, petits espaces d'improvisation qui révèlent combien de dictionnaires Larousse sommeillent dans sa «mijoteuse», comme elle dit.

Elle est folle, mais tellement follement sympathique et fichtrement drôle avec sa voix tonitruante, ses textes savoureux, bien écrits, sans vulgarité, ses punchs tellement percutants et des numéros bien séparés les uns des autres par des arrangements musicaux agréables.

Définitivement, Francine Lareau avec sa tite face de fouine semble avoir trouvé sa voie, celle où elle peut exprimer tout son potentiel d'actrice...en nous faisant rire avec une grande liberté et un plaisir communicatif.

Courez voir Francine Lareau demain le 14 juillet s'il reste des billets, car c'était complet ce vendredi soir. À moins qu'il y ait des supplémentaires...