L'OFFTA s'affirme comme un carrefour des arts vivants au sens large avec sa programmation en équilibre entre danse, théâtre et arts de la performance. Tour guidé.

Arts sans frontières

Sortir du cadre, c'est la mission même de l'OFFTA. «On essaie de briser les frontières entre les différents arts vivants», affirme Jasmine Catudal. La mouture 2012, comme les précédentes, mêlera en effet théâtre, danse, performance, musique et installation, parfois même dans l'un de ces programmes doubles qui sont l'un des traits distinctifs de l'événement.

Rencontres théâtrales

Sortir du cadre signifie aussi sortir du cadre de scène pour l'OFFTA. «L'un de mes grands rêves, c'est que les théâtres deviennent de véritables lieux de rencontre, avoue Jasmine Catudal. On joue beaucoup sur cette idée de se réapproprier les théâtres et faire des événements plus souples où l'être ensemble prime sur l'être devant.» Deux types de discussions postspectacle seront d'ailleurs greffées à certaines représentations: les Hors d'oeuvre, au cours desquels un créateur et le dramaturge berlinois Peter Stamer cuisineront un en-cas tout en échangeant avec le public, et les Impersonating Game, concept dans lequel des membres du public joueront un créateur qui, lui, les interrogera sur son travail.

Le laboratoire comme forme artistique

Jasmine Catudal tient à ce que l'OFFTA soit un lieu d'expérimentation. Elle a ainsi donné carte blanche à la brillante Catherine Vidal, qui a pu concrétiser un intrigant projet de spectacle au sujet du chanteur Katerine (Mais qui est Philippe Katerine?). L'OFFTA permettra aussi à Marc Beaupré (Dom Juan Uncensored, avec David Giguère dans le rôle-titre), Philippe Ducros (Lapin blanc, lapin rouge) et Danny Boudreault (e) de présenter devant public des spectacles encore en construction qui prendront l'affiche dans diverses salles. «C'est excellent pour l'artiste de pouvoir présenter son travail une première fois devant public, estime Jasmine Catudal. Il s'agit de formes non abouties dans lesquelles on voit encore les fils de construction et on défend ça comme forme artistique.»

Identité médiatisée

L'attachement à diverses formes d'art ne se fait pas aux dépens du propos. L'OFFTA s'intéresse d'abord aux thèmes abordés par les projets proposés. La présentation 2012 sera très ancrée dans le présent puisque plusieurs productions questionneront la médiatisation de l'identité et de l'intimité: Je suis une autre, Dom Juan Uncensored, Toï Toï Toï, Mais qui est Philippe Katerine? et, tout particulièrement, le iShow. «C'est un spectacle qui questionne les réseaux sociaux, dit Jasmine Catudal à propos de cette création qui fera notamment usage de Chatroulette. Ils vont jouer sur le fait que, sur l'internet, on pense qu'on se donne en spectacle dans l'intimité de quelqu'un d'autre, mais qu'arrive-t-il si c'est dans un contexte public?»

Deux incontournables

La directrice artistique de l'OFFTA attire d'emblée l'attention sur la soirée d'ouverture, qui incarne d'ailleurs parfaitement la personnalité du festival. Dès son arrivée au Théâtre d'Aujourd'hui, le spectateur sera plongé dans l'installation «dégustative» Prop Room Drip Drop Boom de Dean Baldwin qui servira des «concoctions culinaires» de Mattieu Rivest (Crudessence) et du plasticien Massimo Guerrera. Dans la salle, PME-ART présentera Le DJ qui donnait trop d'information (Hospitalité 5), une performance-fleuve au cours de laquelle ce trio fera tourner des disques en racontant des souvenirs liés aux musiques. «C'est anecdotique, politique, amoureux, ça va dans toutes sortes de zones et c'est extrêmement touchant», assure Jasmine Catudal. Elle signale aussi le MixOFF «international» de cette année, qui met en vedette Massimo Guerrera et le musicien français Gérald Kurdian, au sujet duquel elle ne tarit pas d'éloges.

L'OFFTA se tient du 25 mai au 3 juin. Détails: www.offta.com