Stanley A. Meyer était du noyau de créateurs qui ont mis au monde la comédie musicale Beauty and the Beast à Broadway en 1994. Quelques années plus tôt, ce même Meyer, le chorégraphe Matt West et le metteur en scène Rob Roth avaient tenté sans succès de convaincre le grand patron de Disney, Michael Eisner, de mettre sur pied une division théâtrale.

«Eisner nous a dit que c'était une très bonne idée, mais qu'il ne voyait pas pourquoi Disney devrait s'installer à Broadway. Revenez me voir dans quelques années, nous a-t-il dit. Tout de suite après le film Beauty and the Beast, on nous a relancés pour le transposer sur scène. C'était la première incursion de Disney dans l'univers de la comédie musicale. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis.»

Depuis 1994, Beauty and the Beast a tenu l'affiche pendant 13 ans à Broadway et a fait le tour du monde. Elle a préparé le terrain à une autre comédie musicale de Disney, la spectaculaire The Lion King.

En août 2005, la troupe de tournée de Beauty and the Beast s'est installée à la salle Wilfrid-Pelletier où la première a été catastrophique: pannes de son, mauvaise synchronisation des décors, bref, un ratage total qui a forcé les producteurs locaux à offrir d'autres billets aux spectateurs lésés. On a vite apporté les correctifs nécessaires pour les autres représentations, mais le mal était fait.

«On m'a dit qu'on n'avait pas eu suffisamment de temps pour l'installation», se souvient Meyer. Le spectacle de clôture des FrancoFolies le samedi soir n'avait pas permis à l'équipe de techniciens de disposer des quatre jours nécessaires pour tout installer correctement, avait écrit La Presse à l'époque.

Une adaptation moins littérale

Le spectacle dont on donnera huit représentations à Wilfrid-Pelletier du 24 au 29 avril est différent de celui qu'on a vu en 2005, précise Meyer. Il s'agit d'une nouvelle production créée il y a deux ans par le même noyau qu'au début des années 90.

À l'époque, poursuit Meyer, la commande de Disney était très claire: on voulait voir le dessin animé vivre sur scène dans une adaptation très littérale. «Au début, le décor qu'on a proposé à Eisner était une rose géante dont les pétales s'ouvraient une à une pour y camper une scène. C'était trop avant-gardiste pour la toute première comédie musicale de Disney à Broadway. Cette fois, les patrons de la division théâtrale de Disney craignaient qu'on s'éloigne un peu trop de ce qui a fait le succès de ce spectacle, mais on leur a fait quelques présentations qui les ont convaincus.»

L'auteure Linda Woolverton a retouché son livret et quelques pièces musicales ont été ajoutées par le compositeur Alan Menken et le parolier Tim Rice, mais on a évidemment conservé les succès du film Beauty and the Beast, dont la chanson-titre qui avait servi de tremplin à Céline Dion aux États-Unis.

Plus magique

«Je préfère nettement le travail que j'ai fait dans ce nouveau spectacle, affirme Meyer. C'est plus évocateur, moins littéral et on a fait un grand pas en avant par rapport à la scénographie d'origine. Ça ressemble plus à ce qu'on ferait pour un opéra ou un ballet: on occupe l'espace scénique avec des éléments graphiques stylisés et des couleurs plutôt que d'installer littéralement une porte ou une fenêtre. Il y a des projections, des superpositions, des textures différentes. C'est très simple et, pourtant, c'est peut-être plus magique que la production d'origine. Une approche trop littérale peut mener le théâtre à sa perte. C'est ce que je trouve tellement avant-gardiste des spectacles du Cirque du Soleil: on propose au public des idées substantielles, mais c'est dans la tête des spectateurs que tout se passe.»

Meyer vante également la distribution actuelle qu'il a vue à l'oeuvre récemment à Pittsburgh: «Ce sont de brillants jeunes acteurs qui, avec leur sensibilité moderne influencée par les médias sociaux, font des choix différents de ceux d'il y a 20 ans. On a eu droit à quelques-unes des meilleurs critiques de l'histoire de ce spectacle.»

Beauty and the Beast, salle Wilfrid-Pelletier, du 24 au 29 avril.