C'est bien parti pour Belles-Soeurs à Paris. Le spectacle musical tiré de la pièce de Michel Tremblay a reçu pour sa première, jeudi soir, au Théâtre du Rond-Point, sur les Champs-Elysées, un accueil très chaleureux.

Décrit comme «un enchantement» par l'hebdomadaire L'Express, Belles-Soeurs a subi l'épreuve du feu avec succès en cette Journée de la femme. Les 15 formidables comédiennes-chanteuses ont eu droit à cinq rappels, une partie du public réuni dans la grande salle du Rond-Point (750 places) s'est même levée pour les acclamer.

Ces applaudissements, Michel Tremblay les a entendus à distance. Dévoré par le trac, selon son entourage, le dramaturge n'a pas assisté à la première. Il est resté dans sa chambre d'hôtel du sixième arrondissement, le même hôtel où, pur hasard, il était descendu en 1972 lors de la création de sa pièce à Paris.

On lui a fait entendre les applaudissements avec un cellulaire, a raconté l'auteur et metteur en scène de la comédie musicale, René-Richard Cyr. La réaction a été encore plus forte qu'à Montréal. On n'a pas eu cinq rappels à Montréal. Le mot qui me vient à l'esprit, c'est »reconnaissance». On sent que les spectateurs ont reconnu dans le spectacle leurs propres mères, leurs tantes, leurs grands-mères, leurs... belles-soeurs.»

«Une fierté et une victoire»

Belles-Soeurs est à l'affiche du Rond-Point jusqu'au 7 avril, pour 23 représentations. Avant de parler de triomphe, il est sage d'attendre la suite, de voir si le public et la critique seront au rendez-vous. Pour l'instant, Le Nouvel observateur (deux pages!), Le Figaro et L'Express, qui avaient été invités par la production à voir la comédie musicale au Québec, ont publié des articles très favorables. Pour René Richard Cyr, la partie est d'une certaine manière déjà gagnée.

«Pour nous qui avons préparé le projet, c'était un grand succès avant même que le spectacle commence à 21 heures, a-t-il dit à l'issue de la représentation. De se rendre jusqu'ici, avec toute cette énorme équipe, dans ce théâtre très vivant, c'était déjà une fierté et une victoire.»

Dans la salle, il y avait beaucoup d'invités, comme c'est l'usage lors d'une générale, mais surtout une majorité de «vrais» spectateurs, parmi lesquels les Québécois étaient passablement nombreux.

La langue n'a pas semblé poser de problèmes aux Parisiens, même si quelques-uns admettaient, mais sans s'en formaliser, n'avoir pas tout compris. La «barrière de la langue existe de moins en moins», en déduit René Richard Cyr, tout en notant que les comédiennes ont fait un effort pour «porter la parole de Michel Tremblay à Paris sans la dénaturer, mais en mâchant un peu plus les mots, en articulant mieux, en ralentissant un peu».

«Quel émotion d'entendre du Tremblay ici, mis en musique de cette façon-là. C'est un grand spectacle», s'enthousiasmait pour sa part le comédien Yves Jacques après le spectacle. «J'ai pleuré», confiait une spectatrice française d'une cinquantaine d'années, pendant qu'une jeune Québécoise vantait la «beauté de la musique» de Daniel Bélanger.

On indique que de nombreux journalistes sont attendus aux représentations du week-end. Michel Tremblay, qui assure la promotion du spectacle, continuera entre-temps sa tournée des médias. Belles-Soeurs est déjà assurées d'une jolie visibilité.