La semaine dernière, les gens de Cavalia ont commencé à voir galoper sur leur page Facebook des chevaux qu'ils ne connaissaient pas. Avec des messages qu'ils n'avaient pas écrits. Et quand ils ont tenté de rentrer dans l'«écurie», ils se sont rendu compte qu'ils n'y avaient plus accès: un pirate avait pris le contrôle de la page et en avait évincé les administrateurs.

«Le pseudonyme et les postings du pirate nous portent à croire qu'il s'agit d'un amateur de chevaux», nous a confié David Latourelle, vice-président de Cavalia aux affaires juridiques, quelques minutes après que la compagnie eut récupéré sa page Facebook. Dire que les patrons de Cavalia étaient soulagés relèverait de l'euphémisme: au vu des nouveaux «contenus», plusieurs des 30 000 admirateurs s'étaient plaints et les avis de «départ» commençaient à rentrer.

Impossible à pirater?

L'affaire, toutefois, n'a pas été facile. «Facebook a toujours soutenu qu'il était impossible de pirater ses pages», explique Claude Guillet, directrice des communications interactives et des commandites de Cavalia. «Mais la page de son propre président a été piratée l'an dernier...» En effet, un pirate est entré dans la page de Mark Zuckerberg, suggérant au PDG de transformer Facebook, évaluée à 50 milliards US, en entreprise d'économie sociale... Plus de 1800 «amis» de Zuckerberg avaient eu le temps de cliquer «J'aime» avant que la page ne soit retirée. Pire: en août 2007, des pirates s'étaient emparés d'une partie du code source de Facebook et l'avaient publié sur l'internet.

Pendant ses recherches pour trouver la façon de résoudre le problème, Claude Guillet a d'abord découvert que Facebook ne répondait pas au téléphone: pas trop surprenant quand on sait que le plus célèbre produit de Harvard aurait, selon certaines estimations, plus de 500 millions d'utilisateurs à travers le monde. De lien en lien, Mme Guillet est ensuite arrivée sur un site qui a mené une vaste enquête sur le problème des pages Facebook piratées, qui se comptent par milliers. On y explique comment récupérer sa page piratée en cinq étapes, de la notification à Facebook à l'avis aux médias sociaux en passant par l'envoi des formulaires numériques requis par le géant.

La procédure peut prendre du temps, un temps que Cavalia n'avait pas, on le comprend. En passant par un de ses collègues avocats établis en Californie, David Latourelle a pu joindre directement le contentieux de Facebook et Cavalia a repris les rênes de sa page, lundi.