Bertrand Cantat vient de jouer à Paris le rôle du choeur dans la trilogie Des femmes de Wajdi Mouawad sans que cela ne suscite un quelconque émoi dans les médias.

L'ancien chanteur de Noir Désir, qui n'avait pas pu se produire au Québec à cause du scandale entourant sa venue, était à l'affiche de mardi à dimanche du Théâtre des Amandiers, à Nanterre, dans la banlieue parisienne, pour les dernières représentations du spectacle.

C'était la première fois que la trilogie passait par Paris. Pourtant, la présence de Cantat sur la scène des Amandiers, où le spectacle a été présenté pendant un mois, n'a pratiquement eu aucun écho dans la presse. Ici, pas de débat sur la moralité du retour sur les planches de l'homme condamné pour l'homicide involontaire de Marie Trintignant.

De cet événement, on aura surtout retenu que l'ex-idole souffrait mardi, pour lors de sa première apparition, dans Les Trachiniennes, d'une extinction de voix. Il était là mais muet, remplacé par l'enregistrement de sa propre voix.

Beau, mais infiniment frustrant, a noté le magazine Le Point: «Bertrand Cantat, prodigieux sur scène à l'époque des live où il se brisait les cordes vocales, paraît, privé de voix, démuni sur le plateau. Plus chanteur, pas comédien: les scènes que sa puissance scénique devait habiter en deviennent presque maladroites, et l'ensemble du spectacle souffre.»

Il faut dire que le spectacle, tiré de trois pièces de Sophocle (Les Trachiniennes, Antigone, Électre) tourne depuis un moment. Depuis l'été, il a été joué dans une douzaine de villes françaises et européennes, sans Cantat ou avec lui, comme à Genève ou Lyon. L'essentiel des critiques avait paru l'été dernier lors de la création des trois pièces de Sophocle mises en scène par Mouawad à Avignon. Cantat n'y était pas: il s'était désisté par «respect pour la douleur» pour Jean-Louis Trintignant, qui avait annulé sa participation au festival en apprenant que le meurtrier de sa fille y serait.

En fait, les médias guettent davantage les rares apparitions sur scène de Cantat-le-chanteur dans la perspective d'un éventuel «grand retour». En novembre encore, l'ex-leader de Noir Désir est remonté sur la scène du Zénith de Paris pour chanter deux titres avec le groupe de rock français Shaka Ponk, devant 6000 fans. Une anthologie de Noir Désir intitulée «Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien» est par ailleurs parue le mois dernier.

La semaine dernière, l'éditeur Actes Sud a par ailleurs publié Choeurs, un album réunissant l'ensemble des choeurs de la trilogie de Mouawad. Les paroles sont du poète Robert Davreu, qui a librement traduit Sophocle, et la musique de Cantat. Les paroles de Dithyrambe au soleil sont en revanche de Mouawad et Cantat, qui a par ailleurs entièrement composé Bury me now.