Le grand manitou des Contes urbains, Yvan Bienvenue, réintègre la nouvelle Licorne avec un concept original pour ses 25 ans: mettre en scène des personnages marquants de notre enfance télévisuelle: Passe-Partout, la Souris verte, Fanfan Dédé, etc., mais dans un registre différent de celui qu'on leur connaît.

Imaginez André Richard (Fanfan Dédé) qui narre l'histoire d'un ex-prisonnier; Marie Eykel (Passe-Partout) en femme de la haute société; Jean-François Gaudet (Félix et Ciboulette) dans des scènes sexuelles explicites; ou alors Anne Casabonne (Macaroni tout garni) en femme introvertie.

C'est un peu à ce jeu des contre-emplois que se prêtent les sept comédiens, de toutes les générations, qui font partie de la distribution des Contes urbains 2011. Les autres étant Louisette Dussault (La Souris verte), Linda Wilscam (Picotine) et Marcel Sabourin (La Ribouldingue).

«Nous nous sommes tournés vers des voix qui ont marqué notre imaginaire quand nous étions enfants, explique Martin Desgagné, qui signe la mise en scène des Contes pour la deuxième année. Cette fois, dit-il, nous avons demandé aux interprètes d'identifier les auteurs avec qui ils voulaient travailler.»

C'est ainsi que Michel Marc Bouchard a écrit pour Anne Casabonne; Chrystine Brouillet pour Marie Eykel; Fabien Cloutier pour Jean-François Gaudet; Dominick Parenteau-Lebeuf pour Louisette Dussault. Tandis que Marcel Sabourin, André Richard et Linda Wilscam ont choisi d'écrire leurs propres textes.

Le thème: une histoire qui se passe en ville, durant le temps des Fêtes. Comme le veut la tradition de ces Contes «pour adultes», les sept monologues d'une quinzaine de minutes chacun seront présents l'un à la suite de l'autre. Desgagné et Bienvenue ont de nouveau fait appel aux musiciens Charles Papasoff et Eric Asswad (vus récemment dans Tout ça m'assassine) pour lier la sauce.

Marcel Sabourin donnera le coup d'envoi avec un numéro improvisé, qui changera de soir en soir. C'est le seul artiste qui n'a pas «vraiment» de texte. Parmi les autres interprètes, certains joueront leur propre personnage (Louisette Dussault, par exemple, qui mêle le vrai et le faux de sa vie); tandis que d'autres seront dissimulés derrière leurs personnages.

Linda Wilscam, alias Picotine, fera le récit d'un souvenir d'enfance en 1924 (La petite fille aux grosses bottines). Si le personnage de Jean-François Gaudet est aux antipodes de celui de Félix, celui de Linda Wilscam ne sera pas étranger à l'auteure, qui remonte sur scène après de nombreuses années d'absence. «On ne peut pas tricher sa couleur», dit-elle simplement.

Marie Eykel, elle, a dû composer un personnage plutôt éloigné d'elle... «Ça été une surprise lorsque j'ai lu le texte de Chrystine, avoue-t-elle.Heureusement, mon âge me rend crédible dans le rôle de cette femme, qui éprouve de la lassitude à l'égard de son mari... Ce n'est pas aussi épouvantable que ça!»

Anne Casabonne jouera quant à elle un drame imaginé par Michel Marc Bouchard. «Elle est dans le déni d'une tragédie qu'elle a vécu, indique Martin Desgagné, avare de détails. Son personnage est très intérieur. C'est très intéressant de la voir jouer dans cette zone-là.»

Comme il s'agit de monologues, les acteurs ne se sont pas rencontrés depuis le début des répétitions. Martin Desgagné a plutôt fait des rencontres individuelles. Peaufinant à l'occasion les textes des auteurs. «Le décor est assez épuré, dit-il. Le but est bien sûr de laisser toute la place aux mots, à l'histoire. Mon travail a donc été centré sur la direction d'acteurs.»

Alors, qu'est-ce qui a le plus étonné le metteur en scène à l'écoute de toutes ces voix qui ont bercé sa jeunesse? «Ce que j'ai trouvé fantastique, répond-il, c'est de voir évoluer ces comédiens sur des terrains inconnus. De voir la richesse et la profondeur de leur interprétation. Plusieurs d'entre eux sont encore associés aux personnages qu'ils ont interprétés il y a 30 ans. L'idée, c'est aussi de les voir sous un autre jour.»

Les Contes urbains à La Licorne du 29 novembre au 17 décembre.