Ainsi qu'il sied à un roi de la jungle, The Lion King, en version comédie musicale, a fait régner sa loi, haute en couleur et en bonheur, jeudi, à la salle Wilfrid-Pelletier, où le musical tiendra l'affiche encore trois semaines, jusqu'au 4 septembre.

Oui, les billets ne sont pas donnés (de 40 à 160$), mais devant un tel déploiement de talent, de musique, de chorégraphies, d'artistes, de décors, d'éclairages, de costumes, de masques, etc., on s'incline: ça vaut le coût et le coup. Oui, même s'il s'agit là de la version anglaise de la comédie musicale, sous-titrée en français sur deux grands écrans installés sur les côtés de la salle.

Précisons-le d'ailleurs tout de suite: c'est bel et bien aux enfants de 8 à 98 ans que The Lion King s'adresse, de même qu'à tout amateur sérieux de comédies musicales... et même à ceux qui aiment la musique africaine. Qu'on ait vu le célèbre film de Disney (inspiré, rappelons-le, d'un manga japonais...) ou pas, on comprendra tout à fait l'histoire: la mise en scène de Julie Taymor - également réalisatrice du film Across the Universe - est solide et limpide. Idem si on ne parle pas anglais: on oublie rapidement de regarder les sous-titres qui défilent à toute vitesse pour se régaler les yeux et les oreilles de ce musical qui, dès les premières notes, nous transporte en Afrique.

Musique magnifique

Car c'est là une des forces de cette comédie musicale quand on la compare au film: elle retourne à l'essence même de l'histoire, à l'Afrique, au conte, à la leçon morale. Mais aussi à la jungle et à sa loi, qui est celle de l'équilibre entre toutes choses. Comme l'explique Mufasa, le premier roi lion, à son fils Simba, oui, les lions mangent les gazelles, mais les gazelles se nourrissent de l'herbe qui, elle, se nourrit des carcasses des lions morts... L'équilibre est en tout cas parfait dans The Lion King, où la musique magnifique nourrit la danse inspirée, qui nourrit à son tour le théâtre et l'humour.

La musique est d'ailleurs un des grands atouts de la comédie musicale: les chansons composées pour le film par Elton John et Tim Rice s'en tirent bien, mais n'ont pas la force et la beauté des chants africains originaux entonnés par la quarantaine de comédiens-chanteurs-marionnettistes doués. Comme ils sont écrits dans six langues africaines (le swahili, le zoulou, le xhosa, le sotho, le tswana et le congolais), qu'on parle ou non anglais n'importe vraiment pas beaucoup!

Des personnages savoureux

Les personnages savoureux que sont le singe Rafiki, les inénarrables Timon et Pumba ainsi que l'oiseau Zazu font rire tout le monde. Les enfants qui incarnent Simba et Nala petits sont suivis avidement par les plus jeunes spectateurs, alors que le méchant Scar s'en donne à coeur joie dans la traîtrise, le meurtre et même le harcèlement sexuel. Les nombreux numéros à grand déploiement, notamment le défilé des animaux au début, sont des moments de pure joie sensorielle. Et pour faire vraiment plaisir au public québécois, quelques blagues ou références en français ont été glissées dans l'oeuvre et, franchement, c'est charmant.

On soulignera enfin que la salle Wilfrid-Pelletier a été reconfigurée pour l'occasion: le parterre est traversé par deux grands couloirs qui permettent aux chanteurs et danseurs de se produire en plein milieu des spectateurs. La Place des Arts devrait songer à conserver cette configuration, qui rend la salle plus chaleureuse et vraiment moins «coincée». C'est là un autre des miracles, et non le moindre, réalisés par la comédie musicale The Lion King, depuis sa création en 1997.

The Lion King à la Place des Arts jusqu'au 4 septembre. Durée du spectacle: 2h30, entracte compris. Certaines représentations à 13h et 18h conviendront mieux aux enfants de 8 à 12 ans. Info: evenko.ca