Comme Raoul, l'histoire de James Thierrée est un conte fantastique. Petit-fils de Charlie Chaplin, il évolue dans un monde de passions, celle qui a uni ses parents, Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin, et celle qui les lie encore aujourd'hui : le cirque. Artiste multidisciplinaire, James Thierrée sera à la Tohu du 20 au 30 octobre pour présenter en première américaine un spectacle solo où se mêlent féerie, théâtre, danse, magie, humour et émotion.

Avec Raoul, James Thierrée vient clore à Montréal un chapitre professionnel de 10 ans. Raoul est son quatrième spectacle au sein de sa Compagnie du Hanneton, après La Symphonie du hanneton, La Veillée des abysses et Au revoir parapluie. C'est aussi son premier spectacle solo dans lequel il combine le langage corporel et l'univers fantastique qu'il a développés depuis 10 ans.

Acclamé partout en Europe depuis un an, Raoul aborde la solitude et l'univers mental d'un personnage. «Quand on présente la solitude, il y a à la fois les peurs, les désirs et une sorte de liberté dans le fait d'être seul, dit-il en entrevue avec La Presse. Je suis allé au bout de ce sujet-là, l'histoire d'un homme qui se rencontre lui-même, qui se dédouble et qui rencontre des créatures qui vont lui permettre de faire son chemin vers quelque chose comme une renaissance.»

Les créatures énigmatiques qui rencontrent Raoul et les costumes sont l'oeuvre de sa mère, Victoria Chaplin, toujours là pour l'aider. «Ça ne s'est jamais démenti, dit-il. Il y a une collaboration naturelle, familiale et artistique, avec elle et son monde si particulier. Tout ce qui est sauvage et bestial, elle connaît et m'a donc fabriqué cinq visiteurs... pas si imaginaires que ça.»

Les spectacles de James Thierrée sont dans l'évocation, pas dans la narration «à la Walt Disney», dit-il. «C'est plutôt l'évocation de quelque chose dans laquelle les spectateurs peuvent se projeter, quelque chose d'universel.»

«Petit à petit, Raoul, aidé par son turbulent alter ego qui vient défoncer régulièrement la tour où il s'est logé, va se dépouiller de ce qui n'est pas nécessaire, dit James Thierrée. Il s'agit d'une libération qui s'opère au fur et à mesure du spectacle.»

Il n'y a pas de texte dans Raoul. La part de mystères et le visuel l'emportent sur les mots. La musique est l'associée narratrice tandis qu'une machinerie «artisanale» rappelle les mécanismes si chers à Robert Lepage, dont la scénographie et le génie mécanique et multimédia sont familiers à James Thierrée.

«J'ai un véritable coup de foudre pour ce qu'il fait, mais il utilise plus que moi les technologies d'aujourd'hui. Je me reconnais dans sa fascination d'utiliser tous les moyens à sa portée pour faciliter et étoffer le récit et le mouvement du spectacle. J'aime beaucoup son pragmatisme théâtral.»

L'univers de Thierrée est fascinant. Acteur, metteur en scène, illusionniste, musicien, danseur, acrobate et mime, il déborde d'énergie. «Ce n'est pas un spectacle où je relâche mon corps, dit-il. Il y a toujours une exaltation physique essentielle pour moi. J'ai toujours eu besoin de finir éreinté à la fin de la représentation! Je ne suis plus un jeune homme qui saute dans tous les coins, mais Raoul n'est pas un spectacle que je traverse tranquillement avec une petite voile.»

Raoul, de et par James Tierrée, à la Tohu, du 20 au 30 octobre.