«C'était magique...»

Quand, en février à Miami, Charles-Étienne Ménard est entré en piste pour son numéro de liberté avec Xadrez, il venait de franchir une étape importante de sa vie d'homme, d'artiste et de horseman.

Charles-Étienne Ménard est du type patient. Très tôt, autour de son Rigaud natal, il cherche la compagnie du cheval, bête fascinante entre toutes. Il apprend l'équitation western puis classique, séances au cours desquelles il se livre à toutes sortes d'exercices qui ne sont pas vraiment au programme. «Je faisais des âneries dans le manège: je montais et descendais de mon cheval en mouvement, je lui enseignais toutes sortes de trucs, toujours à la recherche d'un autre genre de contact qui me ferait voir dans sa tête, dans son coeur. La beauté n'est pas tout...»

En 2000, le jeune homme s'inscrit en techniques équines à l'Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière où il choisit la concentration tourisme/randonnée équestre, parce qu'il aime le grand air. «Ma prof avait compris ce que je cherchais et me laissait beaucoup de liberté...»

Au sortir de l'ITA, fort d'un nouvel équilibre de connaissances théoriques et pratiques, il se joint à Cheval-Théâtre de Gilles Ste-Croix, mais la troupe met abruptement fin à sa tournée américaine quelques jours avant que Ménard ne débute en piste. Il monte alors au Saguenay, à St-Félix-d'Otis, pour travailler dans le spectacle Conquérant - La saga d'une race, qui raconte l'histoire du cheval canadien, le «petit cheval de fer». Il y fait de tout: du dressage et de la voltige, le clown et l'idiot du village aux prises avec un cheval capricieux: un classique.

Après 70 représentations, il «redescend» et commence à travailler comme entraîneur-consultant: deux jours ici pour corriger l'allure d'un cheval, une semaine là pour orienter un cavalier. Et Charles-Étienne de paraphraser le dresseur de chiens Caesar Millan: «Je rééduque les chevaux et j'entraîne les humains...»

À l'été de 2005, il voit Cavalia, qui a monté son chapiteau blanc au Technoparc. Coup de foudre! Il rencontre Frédéric Pignon, le directeur et chorégraphe équestre de l'époque dont il connaît l'approche «naturelle» avec les chevaux. Mais Cavalia a tout son monde, merci beaucoup...

«J'ai attendu... En continuant de travailler avec les chevaux - autrement, je serais pilote d'hélicoptères - mais à travailler surtout sur moi-même pour contrôler mon dragon intérieur qui ne doit ni exploser ni s'endormir.»

Charles-Étienne Ménard, qui pourrait être le premier Québécois en tête d'affiche de Cavalia, fait ses débuts «montréalais» mercredi à Brossard. Son nouvel ami Xadrez, magnifique pur-sang espagnol, fait semblant de rien mais il a bien hâte lui aussi.