La mélodie du bonheur, la plus célèbre des comédies musicales, prend l'affiche vendredi prochain dans une mise en scène de Denise Filiatrault. Renouer avec ces airs universellement connus, c'est inévitablement retrouver un pan de son enfance. Même pour les principaux chanteurs de la distribution.

Petite, Noëlla Huet (la mère abbesse), rêvait d'être Maria. Enfant, Robert Marien (capitaine Von Trapp) a appris l'anglais avec des airs tirés de The Sound of Music. Dès ses premiers cours de chant, Florie Gauthier-Valiquette a dû apprendre My Favorite Things et So Long, Farewell, deux des chansons de Rodgers et Hammerstein qui sont devenus des standards. La mélodie du bonheur renvoie inévitablement à l'enfance.

 

«C'est l'une des premières comédies musicales avec lesquelles on est en contact, c'est pour ça qu'elle est si marquante», croit Robert Marien. Pour le chanteur et comédien, le spectacle ne commence d'ailleurs vraiment que lorsque les enfants entrent en scène, lorsque Maria se présente à la propriété du capitaine Von Trapp et fait la connaissance de sa famille à laquelle il impose un régime militaire.

«L'image qu'on garde dans l'inconscient collectif, c'est une perception d'enfant et non pas d'adulte, ce qui est très différent, observe l'interprète de Von Trapp. On ne s'assoit pas pour analyser les personnages, pas du tout. On regarde cette histoire-là avec des yeux d'enfant.»

Bouffée d'air frais

Créée en 1959 et portée à l'écran en 1965 avec Julie Andrews et Christopher Plummer dans les rôles de Maria et du capitaine Von Trapp, The Sound of Music raconte la bouffée d'air frais apportée par une jeune nonne dans une maison sans mère. Une chanson constamment au bord des lèvres, Maria ramène la joie en la demeure en apprenant à chanter aux sept enfants. Le plaisir qu'ils auront ne va pas simplement resserrer les liens familiaux, il leur permettra également d'échapper aux nazis.

«Maria ramène les sentiments dans la maison. Ce qu'on comprend du personnage de Von Trapp, c'est qu'il s'est refermé quand sa femme est morte. Aussi, il a vécu la Première Guerre mondiale, alors il comprend bien l'atmosphère qui s'installe à l'orée de la Seconde Guerre. Il appréhende», dit encore Robert Marien au sujet de son personnage.

Noëlla Huet, qui a interprété Mother Abbes 500 fois à Toronto au cours des deux dernières années, se dit très touchée par les valeurs et l'émotion véhiculées par les chansons. «La scène qui me touche le plus, c'est celle où le capitaine chante pour la première fois avec ses enfants, dit-elle. J'en ai des frissons juste à en parler tellement je trouve ça beau qu'il s'adoucisse tout à coup.»

Une affaire d'émotions

La mezzo-soprano, qui a chanté autant avec la Société de musique contemporaine du Québec qu'au théâtre des Deux Mondes, se réjouit de constater que son personnage s'adoucit, lui aussi, dans la version française. «La vision de Denise Filiatrault est différente de ce qu'on m'avait demandé à Toronto. Là-bas, ils voulaient une mère abbesse plus anglaise, plus stricte, signale-t-elle.

«Ce que Denise Filiatrault veut, c'est une maman pour Maria, poursuit-elle. C'est beaucoup plus tendre. J'aime ça parce que, au premier abord, c'est comme ça que je l'avais perçue.» Elle avoue d'ailleurs avoir beaucoup de plaisir à chanter un bout de My Favorite Things avec Florie Gauthier-Valiquette, air placé beaucoup plus tôt dans la comédie musicale que dans le film.

La jeune interprète de Maria admet quant à elle avoir un faible pour Climb Ev'ry Moutain, l'air que chante la mère abbesse à son personnage, pour l'encourager à vivre l'amour qu'elle a pour le capitaine Von Trapp. «Il y a beaucoup d'émotion, même en répétition», dit-elle.

Pour elle comme pour Robert Marien, la chanson signature de La mélodie du bonheur, c'est bien sûr Do-Ré-Mi. C'est d'ailleurs cet air-là qu'une partie de la distribution a chanté dans le métro de Montréal à la fin du mois de mars. La scène, qu'on peut revoir sur YouTube, se révèle étonnamment touchante. Si le charme opère à l'heure de pointe du matin à la station Berri-UQAM, on ne doute pas que la magie de La mélodie du bonheur opère de nouveau tout l'été.

La mélodie du bonheur, du 25 juin au 31 juillet à la salle Pierre-Mercure et du 10 au 14 août au Théâtre Saint-Denis