Les expériencesRat de laboratoire (Ciels), pièce d'échiquier (Domaine public), promeneur non voyant (Tu vois ce que je veux dire?), congressiste téléphage (Tragédies romaines), le spectateur a pu jouer des rôles inusités au cours du FTA. Des expériences à la fois amusantes et déstabilisantes qui suscitent un engagement réel dans l'oeuvre. Ce fut l'un des grands plaisirs de ce festival. On n'oubliera pas de sitôt l'immense Tragédies romaines d'Ivo van Hove qui a tiré Shakespeare au XXIe siècle.

L'omniprésent Wajdi

Avec quatre spectacles, dont sa tragédie fleuve Le sang des promesses, Wajdi Mouawad était pratiquement l'artiste associé du présent FTA, pour reprendre la formule en vogue à Avignon. Des heures délectables, malgré les fesses engourdies, en raison de la profusion d'images saisissantes, des mots qui portent et de cette quête de beauté à travers les replis les plus noirs de l'âme humaine. Ciels, malgré ses défauts, m'a fait vivre l'une des expériences théâtrales les plus saisissantes de ma vie: une scène de bombardement enfermé dans un bunker. La guerre, comme si on y était.

De tièdes applaudissements

Des propositions abouties sur le plan esthétique ne donnent pas nécessairement un spectacle intéressant. Ainsi, Cendres, d'une grande poésie visuelle, donnait davantage une idée de l'errance, alors que c'est une tragédie humaine. L'effet de Serge s'est révélé sympathique mais anecdotique. L'alliage de fiction et de documentaire d'Asalto al agua transparente, qui abordait le capital sujet de l'accès à l'eau potable, n'a pas convaincu non plus.