L'École nationale de cirque de Montréal présentera du 8 au 20 juin à la Tohu ses deux spectacles de fin d'année, Il fait dimanche et Journal de bord, qui se nourrissent tous deux aux cultures du monde pour tendre à l'universel.

Quoi de plus normal puisque l'École est à l'image de Montréal: multiculturelle et ouverte. Elle accueille 150 élèves par an dont le tiers vient de l'extérieur du Québec. Les médias ont récemment été invités à une répétition des deux spectacles, d'une durée d'une heure 15 minutes chacun. Ayant deux esthétiques bien différentes, ils seront présentés en alternance.

 

Il fait dimanche est mis en scène par Shana Carroll, cofondatrice de la troupe de cirque Les 7 doigts de la main. Dix filles et huit garçons sculptent sur scène un univers de banlieue où «les personnages sont tentés de sortir de la superficialité de leur quotidien», indique le programme.

La création, dont le titre vient d'une chanson d'Henri Salvador, mêle danse, acrobaties, musique, poésie et comédie. Il y a «du Broadway» dans la synchronisation des premiers mouvements et le Java Jive de Manhattan Transfer.

Puis, l'aspect théâtral s'installe. Les garçons s'assoient à des tables au-dessus desquelles les filles exécutent des acrobaties sur un trapèze. Les duos se forment et le jeu s'installe entre eux comme un moment d'écriture théâtrale très stylé.

«On a essayé de traduire la réalité des années 50 dans une banlieue nord-américaine, avec la femme au foyer et le mari qui part travailler», a dit Alain Francoeur, assistant à la mise en piste.

Pour Journal de bord, l'assistant à la mise en piste, Howard Richard, a fait appel au Français Guy Alloucherie, qui dirige depuis 1997 la compagnie française Hendrick Van der Zee (H.V.D.Z), et avec lequel il collabore depuis huit ans.

Plus philosophique que le précédent, le spectacle est une réflexion sur le processus de création d'une oeuvre et les risques qu'encourent les artistes. La Presse y a vu de la danse contemporaine alliée à des acrobaties, telles des pirouettes, des sauts périlleux, des vrilles, des saltos ou des coups de pied à la lune.

«J'utilise les acrobates d'une façon très physique, a dit Howard Richard. Vu l'âge qu'ils ont, j'en profite pour les pousser un peu.»

Ex-gymnaste, la Montréalaise de 20 ans Vanessa Vollering fait un numéro solo de trapèze ballant au sein duquel elle a intégré un peu de comédie. «C'est un numéro comique sur trapèze», précise-t-elle.

De son côté, Maxime Yelle, âgé de 23 ans et originaire d'Ottawa, fait un numéro de six minutes de corde volante. «C'est un numéro aérien avec deux cordes, souligne-t-il. Je fais des acrobaties de l'une à l'autre.»

«Il y aura aussi du texte qui sera dit pour raconter le spectacle en train de se faire», indique Guy Alloucherie, qui ajoute que ces spectacles ont aussi pour but de mettre en valeur les numéros des élèves qui, fébriles, vont quitter l'école dans quelques jours. «Mon rêve était, au début, d'être engagée par le Cirque du Soleil, confie Vanessa Vollering. Je cherche la stabilité.» De son côté, Maxime Yelle est attiré par les cabarets allemands, mais il ira d'abord en Espagne à l'automne avec d'autres élèves participer à une création avec le cirque madrilène Carampa.

Ces spectacles sont une occasion de mieux connaître cette école et de se rendre compte de l'importance que Montréal a prise dans le domaine du cirque sur la scène internationale. L'ENC forme des diplômés qui rayonnent ensuite partout dans le monde, au Cirque Éloize, au Cirque du Soleil, avec Les 7 doigts de la main, Cavalia ou des compagnies de cirque étrangères.

«L'École, qui enseigne aux jeunes de 9 à 25 ans, a un taux de placement de 98%, dit Marie-Pier Turgeon, porte-parole de l'ENC. Et on donne même des cours de français aux élèves anglophones!»

Il fait dimanche et Journal de bord, deux spectacles présentés en alternance du 8 au 20 juin à la Tohu (2345, rue Jarry Est).