Vivement la fin des travaux!, clament en choeur les dirigeants des différents théâtres et compagnies qui logent à la Place des Arts. La démolition du stationnement, le chantier de construction de la rue Sainte-Catherine ainsi que l'aménagement du Grand foyer culturel affectent les ventes de billets et provoquent la grogne de plusieurs spectateurs.

Tant du côté du théâtre Jean-Duceppe, en passant par l'Opéra de Montréal et l'Orchestre symphonique, et même jusqu'au Théâtre du Nouveau Monde (TNM), situé un peu plus à l'est sur la rue Sainte-Catherine, on attend avec impatience la coupe du ruban qui officialisera à l'automne la fin des travaux intérieurs et l'inauguration du Grand foyer de la Place de Arts, l'une des étapes qui mènera ensuite à la construction de l'Adresse symphonique, la future salle de concert. Celle-ci est d'ailleurs l'une des pièces maîtresses du développement du Quartier des spectacles.

D'ici là, avant de gagner leur siège, les spectateurs devront faire preuve de patience tant à l'extérieur, pour se trouver un stationnement, qu'à l'intérieur où ils doivent emprunter un trajet s'apparentant à un labyrinthe pour se rendre à leur salle.

«Tout ça a un impact sur la vente de billets, souligne Pierre Vachon, directeur des communications marketing de l'Opéra de Montréal qui ajoute du même souffle que la compagnie a enregistré un recul de 5 % sur le nombre d'entrées. Les gens arrivent extrêmement frustrés, dans de mauvaises dispositions. On a hâte d'en être sortis.» Et la situation inquiète d'autant plus l'Opéra, qui entrera sous peu en période de réabonnement pour l'automne prochain.

Mêmes observations du côté du Théâtre Jean-Duceppe. Après avoir fait le post-mortem de la présente saison, la direction a noté une diminution du nombre de billets vendus, attribuable aux travaux. Impossible toutefois de connaître les chiffres illustrant cette baisse. «Pour certains spectacles, on s'attendait à un peu plus de gens, admet l'attaché de presse de la compagnie», Jean-Sébastien Rousseau.

L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), de son côté, dit n'avoir aucune information à propos d'une possible diminution des taux de fréquentation, mais on souligne néanmoins que certains spectateurs ont manifesté leur mécontentement et d'autres ont même suspendu leur abonnement.

Et cette grogne s'est rendue de l'autre côté de la rue au TNM, où il y a également eu quelques plaintes.

Situation temporaire

Malgré ces désagréments, les différentes salles font des pieds et des mains pour informer leurs abonnés - via leur site internet - de l'évolution des travaux en les invitant du même souffle à prendre les transports en commun ou encore à partir plus tôt de la maison pour gagner le centre-ville.

De plus, la direction de la Place des Arts et le Partenariat du Quartier des spectacles assurent qu'ils sont en communication constante avec les dirigeants des différents établissements.

«On a régulièrement discuté avec l'ensemble des résidants là-dessus, on a établi des moyens, assure la présidente directrice générale de la Place des Arts, Marie Lavigne. À l'intérieur, on a fait beaucoup de signalisation. Donc, les gens ne se perdent pas.» Un débarcadère temporaire a également été aménagé sur la rue Saint-Urbain.

En ce qui concerne la fréquentation des spectacles pour l'ensemble des compagnies, Mme Lavigne ne note pas la baisse évoquée par les salles. Au contraire. Selon les données recueillies cette année jusqu'à la fin du mois de février, quelque 466 000 spectateurs ont assisté à différentes performances à la Place des Arts, contre 434 000 en 2009. Or, celle-ci n'a pas de statistiques de fréquentation en main pour les mois de mars, avril et mai de cette année.

Bien que ces travaux causent des dérangements, la grande patronne de la Place des Arts estime que le jeu en vaut la chandelle. «Ce n'est pas beau comme c'était avant, admet-elle, mais ça va être tellement plus beau après. Enfin, on va avoir un centre-ville qui va être à la hauteur de nos aspirations de métropole culturelle.»