L'abolition des programmes fédéraux de soutien à la tournée Routes commerciales et PromArt, il y a deux ans, a donné de sérieux maux de tête au marionnettiste Ronnie Burkett. «Il y a un peu plus d'un an, j'ai traversé une période pendant laquelle je me suis sérieusement demandé si cela n'allait pas compromettre l'avenir de ma compagnie», raconte l'artiste.

Ronnie Burkett, comme bien d'autres créateurs oeuvrant dans des secteurs considérés comme des niches sur le plan artistique, compte beaucoup sur les tournées à l'extérieur du pays. Les coupes du gouvernement Harper l'ont placé dans une position pour le moins délicate: il se trouvait dans l'impossibilité d'aller présenter son spectacle dans des théâtres d'Australie et d'Angleterre qui en avaient pourtant financé le développement.

«C'était très embarrassant», raconte-t-il. Son agent et lui ont dû revoir les budgets et même demander aux diffuseurs internationaux de faire un effort supplémentaire pour rendre la tournée possible. «Comme ils croyaient beaucoup au spectacle et qu'ils avaient investi avant même qu'il n'existe, ils ont fait preuve de générosité.»

Ronnie Burkett affirme que cette mésaventure l'a ébranlé, mais qu'elle lui a aussi fait prendre conscience que, en 25 ans de carrière, il a survécu à bien des premiers ministres. «On va s'arranger pour que les choses fonctionnent et, comme la plupart des Canadiens, on attendra que Stephen Harper démissionne, qu'il soit battu aux élections ou qu'il meure», ironise le marionnettiste.

Ces coupes dans l'aide à la tournée et le débat qui a suivi ont incité Ronnie Burkett à prendre conscience de l'importance de s'engager au plan politique. «J'ai toujours cru que l'artiste doit faire partie de la collectivité s'il entend refléter son époque. Alors, j'ai réalisé que je devais me réengager et m'impliquer pour défaire ce gouvernement et prouver aux Canadiens que l'identité culturelle, c'est plus important que la fabrication de voiture ou d'essence.»