Branle-bas de combat, hier, à l'hôtel Aria de Las Vegas. Parce que s'y tenait en soirée la première mondiale du spectacle Viva Elvis par le Cirque du Soleil?

Non, plutôt parce que le président Obama y prononçait en avant-midi une conférence au profit de la fondation du sénateur Harry Reid, provoquant embouteillages et moult cordons de sécurité.

Une fois le président parti, le King a toutefois repris ses droits en soirée.

Gros, gros défis que cette nouvelle production du Cirque du Soleil écrite et mise en scène par Vincent Paterson, chorégraphe et directeur de tournée pour Madonna et Michael Jackson par le passé.

Las Vegas est quasi synonyme d'Elvis Presley, qui y présenta des centaines de spectacles à guichets fermés dans les années 70 - certains estiment qu'à l'époque, un visiteur sur deux venait à Vegas pour y voir le chanteur. La ville regorge donc déjà de nombreux spectacles avec « personnificateurs » d'Elvis.

Pour se distinguer, le Cirque et le City Center (complexe où se trouve l'hôtel Aria et le Elvis Theater) ont consacré 180 millions à la construction du théâtre et aux équipements, plus 50 millions pour la production elle-même.

Cela a permis aux artisans du Cirque, en collaboration avec Elvis Presley Enterprises (présidé par Priscilla Presley) de concevoir un spectacle de 22 numéros à grand déploiement d'acrobates et de danseurs, dans des décors colossaux et colorés - où l'or, couleur fétiche d'Elvis, a la préséance.

Quatre chorégraphes, en plus de Paterson, ont été mis à contribution. Si le spectacle est inspiré de la musique de Presley, il compte pourtant beaucoup plus de numéros acrobatiques que Love (consacré à la musique des Beatles, par le Cirque, à Vegas), dont un numéro de trampoline assez époustouflant (où les acrobates se lancent de 19 pieds de haut pour rebondir à 17 pieds, les plus hauts rebonds jamais pratiqués au Cirque), mais aussi, autres première, un numéro de lasso, un autre de tirs de revolvers, etc.

Quant à la trame musicale, elle s'articule autour de la voix d'Elvis, l'«ultime voix mâle » pour reprendre l'expression de Vincent Paterson. Ce timbre unique est soutenu par des montages et échantillonnages complexes de musique conçus par le directeur musical et arrangeur québécois Erich Van Tourneau, qui y a travaillé huit mois, 12 heures par jour, avec son assistant Ugo Bombardier: «Il faut se rappeler qu'en 1954, Elvis était un pionnier, un punk dans la musique! Le plus bel hommage était de lui permettre de continuer à évoluer.»

Venus de 13 pays, 76 artistes - danseurs, chanteuses, musiciens, acrobates, acteur (qui incarne le Colonel Parker), etc. - se produiront deux fois par soir, à raison de quelque 464 représentations par année. Comme c'est le cas pour ses six autres productions à Las Vegas, le Cirque du Soleil a signé avec l'Aria un contrat de dix ans, renouvelable.

Si le spectacle connaît le succès commercial des autres, il est donc envisageable que, cette fois-ci, «Elvis will never leave the building»!