Christian Yaccarini a dénoncé, hier matin, avec passion et humour les processus de consultation «aberrants» auxquels doivent se plier les promoteurs immobiliers à Montréal. Le PDG de la Société de développement Angus était l'orateur invité des déjeuners de la Chambre de commerce de Montréal.

Il y aurait un «problème de gouvernance» à Montréal, selon M. Yaccarini, qui serait lié à la présence de plusieurs patrons au lieu d'un seul qui devrait «prendre les décisions et en être redevable». Autrement, «rien ne lève», déplore le patron de SDA, une entreprise d'économie sociale liée au FondAction de la CSN. Et les trois projets de SDA dans le centre-ville de Montréal, apprenait-on cette semaine, ont quelque difficulté à lever.

 

Quelques problèmes

L'édifice du Quadrilatère Saint-Laurent (entre le Monument-National et la rue Sainte-Catherine), dont Hydro-Québec sera le principal locataire, ne comptera que cinq étages au lieu des 12 prévus. «On est prêts», a lancé M. Yaccarini qui déplore la dégradation du bâti. Reste juste le bar de danseuses Cléopâtre qui s'oppose, en cour, à l'expropriation. Les avocats du «Clép» arguent que bâtir un édifice à bureaux pour Hydro-Québec n'a rien à voir avec le devenir culturel du Quartier des spectacles.

«Le Cléopâtre a accédé au rang d'icône et on a perdu tous nos repères», dira, mi-figue mi-raisin, le patron d'Angus qui s'est entendu avec tous les autres propriétaires de ce secteur du centre-ville qui est, selon lui, «une honte» à cause de son allure. «Le Montreal Pool Room aussi est une icône et, avec notre aide, il va rouvrir de l'autre côté de la rue dans deux semaines. L'épicerie libanaise, elle, sera locataire du nouvel édifice.»

Reste le Cléopâtre, en affaires depuis 32 ans avec un permis dont le transfert, à cause du présent moratoire sur les lieux d'exploitation de l'érotisme, ne peut être approuvé que par référendum: «C'est la paralysie...» Angus espère un accord «de gré à gré» avec le résistant. Entre-temps rien ne bouge.

De l'autre côté de la rue, les travaux du 2-22 Sainte-Catherine vont commencer en mai et CIBL et les autres locataires culturels (90% de la surface) devraient pouvoir y emménager en mars 2011. Cinq étages au lieu des six prévus. M. Yaccarini parle d'un «acte d'humilité»: «Peut-être nous étions-nous trompés. Là, on fait un geste architectural moins fort.» Et autour de l'édicule du métro Saint-Laurent? Remis. Avec la seule certitude que «le beau projet initial n'existe plus».