Contrairement à son fondateur Guy Laliberté et à sa mission sociale poétique dans l'espace, le Cirque du Soleil a connu une année beaucoup plus terre à terre en 2009. Mais le nombre de bonnes nouvelles est suffisant pour que la machine reparte en grand, dès maintenant avec Viva Elvis! à Las Vegas, et en 2010-2011 avec deux nouveaux spectacles à Montréal.

Le Cirque du soleil a battu ses propres records cette année en vendant 12 millions de billets de spectacles de par le monde. Les prévisions s'élèvent même à 13 millions d'entrées en 2010.

«Malgré la tempête, on a réussi à maintenir notre croissance et notre rythme, a déclaré le président du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre, en entrevue à La Presse. Nous avons vu les signes avant-coureurs en 2008 comme quoi l'année allait être difficile et, heureusement, nous avons réagi rapidement. Nous avons relevé le défi grâce à nos employés.»

La multinationale montréalaise du divertissement a resserré ses budgets et gelé les salaires en 2009, mais les employés auront droit à une augmentation en 2010. Grâce notamment aux succès de ce que la troupe québécoise fait de mieux depuis 25 ans, les spectacles de tournée.

Le nouveau spectacle Ovo, dirigé par la Brésilienne Deborah Colker, a battu les records d'assistance du Cirque à Montréal et à Québec, vendant respectivement 300 000 et 80 000 billets dans les deux villes.

«On savait qu'on avait un spectacle intéressant sur le biodiversité, mais ce qu'on a compris avec le temps c'est qu'il était aussi très populaire auprès des familles. Nombre d'adultes sont revenus voir le spectacle avec leurs enfants ou leurs petits-enfants», a expliqué Daniel Lamarre.

Le président du Cirque se dit également très encouragé par les succès de la troupe en Russie. Le spectacle sous chapiteau Varekai obtient un taux d'occupation de 95 % à Moscou.

«Je me rappelle qu'il y a 18 mois, la première question qui nous avait été posée en conférence de presse était: c'est quoi le Cirque du Soleil? Avec le succès de cette année, nous avons décidé d'y envoyer Corteo dès 2010.»

Crise financière

La crise financière a néanmoins joué des mauvais tours au calendrier du Cirque en 2009. Ainsi, les spectacles de Macao 2 et Dubaï ont dû prendre de nouvelles destinations.

«À Dubaï, on ne peut pas prendre le risque de présenter un spectacle dans le contexte très perturbé qu'ils vivent. Mais nos associés de Nahkeel ne cherchent pas à vendre les parts qu'ils détiennent dans le Cirque», a souligné M. Lamarre pour faire taire les rumeurs qui couraient récemment à ce sujet.

Si le Cirque du Soleil recentre ses activités autour des spectacles de tournée, les mégaspectacles fixes ne deviennent pas, pour autant, choses du passé. «C'est certain qu'il y a un nombre limité de marchés où ça peut se faire, mais on va continuer. Mais les spectacles de tournée ont repris de la popularité dans notre entreprise en 2009», avoue-t-il tout de même.

Tournées

Ainsi après Ovo en 2009, un nouveau spectacle sous chapiteau créé par Robert Lepage sera présenté au printemps prochain dans le Vieux-Port de Montréal. Un autre suivra un an plus tard au même endroit.

De plus, la seconde vie des spectacles sous chapiteau en aréna permet à la troupe de rejoindre de nouvelles clientèles. Alegria prendra l'affiche du Centre Bell dès vendredi.

«C'est une nouvelle tradition de lancer ces spectacles pour les Fêtes à Montréal, dit le président du Cirque du Soleil. Après Saltimbanco, on sait déjà qu'Alegria fera encore mieux aux guichets.»

Quidam et Dralion prendront également le chemin des arénas au cours des prochaines années.

La croissance du Cirque du Soleil passe également par la diversification de ses activités. Déambulatoires, comme à Québec l'été dernier, le pavillon canadien de l'exposition de Shanghai en 2010, mais aussi le web et la 3D.

«Nous avons été contactés par un grand conglomérat qui croit beaucoup au potentiel de notre travail avec cette technologie. On a ramé à contre-courant en 2009, mais si on ne l'avait pas fait, on aurait manqué le train», conclut Daniel Lamarre.