C'est une première pour Noam Gagnon: l'une des deux moitiés de The Holy Body Tattoo revient à Montréal avec un solo, The Vision Impure. Avec trois pièces chorégraphiées par Nigel Charnock, Daniel Léveillé et lui-même, le danseur signe un «marathon émotionnel» sur le thème du rapport à l'autre.

C'est dans un français parfait et grippé que Noam Gagnon nous a parlé de The Vision Impure. Un premier solo, donc, pour ce danseur d'exception dont le nom est encore rattaché à celui de Dana Gingras, l'autre moitié du duo qui a marqué la scène contemporaine dans les années 1990 et 2000, The Holy Body Tattoo.

«Ce que je voulais avant tout, c'est me donner la permission d'aller à l'extérieur des choses pour lesquelles je suis connu avec Holy Body: créer quelque chose seul m'a aidé à me déstabiliser. C'est dur de changer d'angle: sans Dana, je crée quelque chose de plus personnel», explique-t-il.

Dans A Few, Noam Gagnon se met lui-même en scène dans un triptyque. Il présente un film de Kenneth Sherman: des archives en noir et blanc d'une corrida. «C'est une mise en scène entre le film et moi, dit-il. Au niveau de la perception, je joue sur cette question: qui est le matador? Qui est le taureau?»

When That I Was, de Nigel Charnock, révèle selon Noam Gagnon son sens de l'humour. «Les gens qui me connaissent dans le quotidien connaissent ce sens de l'humour: mais ça ne s'était jamais vu sur scène», dit le danseur. Son «personnage» dansera sur Presley ou Prodigy: «C'est très fou, très hurluberlu», poursuit Noam Gagnon.

Enfin, Untitled no 1, de Daniel Léveillé, témoigne de la grande sensibilité pour la simplicité du chorégraphe québécois. «Son travail est très épuré, très léché et c'est extrêmement difficile dans sa simplicité», dit Noam Gagnon, évoquant des relevés tendant sur la lévitation: «Ces extrêmes sont énormes, même si on les voit à peine», dit-il.

The Vision Impure forme un «marathon émotionnel», selon Noam Gagnon. «C'est une grosse soirée, une épopée au niveau des images. Pour les gens qui me connaissent, ils vont me voir d'une façon différente», promet-il.

Et par façon différente, il ne faut pas comprendre «nudité» comme le programme peut le laisser penser. «Il y a une semi-nudité: je cours en sous-vêtements», corrige-t-il. La nuance n'a pas échappé à certaines spectatrices de Noam Gagnon, qui, à l'issue des représentations à Toronto lui ont fait part de leur déception.

«On s'attend toujours à de la nudité avec Daniel, mais pour moi, c'est déjà très difficile d'enlever un t-shirt. Je ne peux pas danser tout nu, ça aurait été l'enfer et finalement, cela ne marchait pas», explique, rieur, Noam Gagnon.

Si la compagnie Holy Body Tattoo continue à exister, Noam Gagnon, comme Dana Gingras, explore d'autres voies. «J'ai commencé une création pour un solo: 10 Things You'll Hate About Me (10 choses sur moi que tu vas détester). C'est une autobiographie. J'espère aller chercher de l'humour de mon quotidien et montrer ma vie en Technicolor», dit-il.

Noam Gagnon, The Vision Impure, du 18 au 21 novembre à l'Usine C.