Pour son 10e anniversaire samedi dernier, le réseau radiophonique Rythme FM s'est offert tout un cadeau: nul autre que le plus célèbre «jeune retraité» du showbizz québécois, Jean-Pierre Ferland, sorti de sa tanière de Saint-Norbert où il se reposait depuis son concert d'adieu, en janvier 2007, et d'où il n'était sorti publiquement que pour saluer Céline Dion, à Québec l'été dernier.

Si la production de ce spectacle hommage, mis en scène par Denis Bouchard, nous promettait quelques surprises, celles qui pointaient vers une «sortie de retraite» de Ferland étaient assurément les plus captivantes: samedi soir dernier, Jean-Pierre nous a présenté deux chansons toutes neuves, en plus d'inviter Bruno Pelletier à interpréter le premier extrait d'une comédie musicale sur laquelle le légendaire charmeur et son directeur musical planchent depuis quelque temps.

Il fut donc décidé qu'à 19h30 pile, Pelletier allait donner le coup d'envoi à cet hommage... en chantant Le temps des cathédrales, parce que cette chanson était la plus populaire lorsque Rythme FM a pris les ondes d'assaut, il y a 10 ans. Le public a ensuite chaleureusement accueilli Ferland, en lui chantant le refrain d'Une chance qu'on s'a.

Tout sourire, apparemment calme, reposé (on le lui souhaite!), Jean-Pierre Ferland a retrouvé son public comme s'il ne l'avait jamais quitté. Le regard doux, la voix qui chuchote autant qu'elle chante, le geste de la main pour accompagner ses rimes caressantes, les blagues coquines entre les chansons, il était tout là, juste pour nous faire une fleur et saluer la radio qui fait toujours tourner ses chansons.

Puis, avant d'inviter Marie-Élaine Thibert et Natasha St-Pierre à chanter Quand on aime on a toujours 20 ans, Ferland insiste pour que Bruno Pelletier vienne le retrouver sur scène, lui demandant de chanter L'abdication, premier indice d'un projet en chantier. Une comédie musicale intitulée Madame Simpson et inspirée de la vie de George V, roi d'Angleterre pendant moins d'un an qui abdiqua de son trône pour épouser l'Américaine Wallis Simpson.

Et la chanson? Pas mal, du genre ultra- lyrique et mélodique, celui des Cathédrales dont Pelletier nous chantait justement la fin des temps quelques instants plus tôt. Chanson pour chanson, ce n'était pas Sing Sing ou Sur la route 11, mais ce fut assez pour piquer notre curiosité et nous convaincre que cet «amour de musique» aime encore le beau Jean-Pierre.

Ensuite, Garou est venu chanter T'es belle (dans laquelle s'est inséré un extrait de Elle) en duo et Kevin Parent s'est un peu enfargé dans Le petit roi. Ces deux performances furent vite oubliées lorsque Éric Lapointe est monté sur scène, accueilli par une ovation. Frais rasé dans son élégant complet anthracite, Lapointe a mordu dans Qu'est-ce que ça peut ben faire? Poignante, passionnée et rageuse interprétation. Frissons garantis. Le clou du spectacle, hors de tout doute.

Avec sa choriste Lynn Jodoin, Jean-Pierre Ferland a présenté Avant de m'assagir, pour ensuite offrir deux chansons inédites, autre indice que la musique continue d'occuper les temps libres de notre cher retraité. Je n'ai pas besoin d'amour (une chanson manifestement composée pour une interprète féminine) et Le chanteur et menteur, au cours de laquelle Parent et Lapointe se sont joints à lui, après quoi «l'hommagé», comme il a lui-même blagué, a chanté Brel (Les vieux amants) et Reggiani (enfin, Il suffirait de presque rien, composée par Bourgeois et Rivière), cette dernière en duo avec une recrue, Miosa, 14 ans, qui a aussi poussé quelques mesures de La chambre, composée par Ferland pour notre Céline nationale.

L'hommage s'est terminé d'heureuse manière, d'abord par une forte interprétation d'Un peu plus haut, avec Natasha St-Pier et surtout Marie-Élaine Thibert, puis avec T'es mon amour, t'es ma maîtresse, avec son interprète d'origine, Ginette Reno. Un moment de complicité sur scène qui aurait pu se terminer en fou rire alors que Reno a distraitement éloigné le micro de Jean-Pierre, qui a dû s'y précipiter!

Et pour finir, Envoye à maison, avec tous les interprètes sur scène, et Ginette encore qui, jouant la mère ingrate, somme Jean-Pierre d'un ton faussement péremptoire de rentrer «à maison». Il y retournera, certes, mais pour combien de temps encore? D'ici le lancement de sa nouvelle comédie musicale?