Anne Paceo a passé son enfance en Provence, après quoi sa famille s'est installée à Paris lorsqu'elle avait douze ans. Douze autres années plus tard, elle figure parmi les batteurs reconnus et appréciés de la génération montante du jazz français.

Maman Paceo, explique la musicienne non sans fierté, est une artiste dans l'âme qui a incité ses deux filles à devenir ce qu'elles voulaient être vraiment. La «grande soeurette « est une artiste visuelle douée, selon la cadette qui tape sur des peaux avec l'aplomb et la précision des meilleurs.

 

«Vous savez, Chick Webb était un nain. Leur frappe était extraordinaire «, sert-elle à titre d'argument massue.

Anne Paceo n'est pas très grande, il faut dire. Et pas du tout complexée par sa taille, encore moins par son sexe. Ne lui parlez pas de Cindy Blackman pour la brancher sur la batterie au féminin, elle ne connaît pas l'existence de Marilyn Mazur On a tôt fait de renoncer à lui parler des femmes qui ont déjà marqué la batterie jazz, de Suzie Ibarra à Terri Lyne Carrington.

«Je ne prends pas ma source de motivation chez les batteuses», tranche-t-elle, préférant citer ceux qu'elle considère comme ses modèles: Jack DeJohnette, Brian Blade, Max Roach, Phillie Joe Jones, Eric Harland, Greg Hutchinson. Bref, «tous les mei l leurs pour des ra isons différentes «.

Elle dit avoir été formée « dans différentes écoles, un peu sur le tas et un peu au Conservatoire national supérieur de Paris «. À l'aube de la vingtaine, elle a fondé ce fort bon trio avec le pianiste Leonardo Montana et le contrebassiste Joan Eche- Puig, dont on peut découvrir le premier album: Triphase (étiquette Laborie).

«Eux sont plus vieux que moi : Léo (nardo) a 31 ans et Joan en a 28. Nous travaillons en équipe, c'est complètement démocratique. Pourquoi mon nom? Ce n'est pas forcément une question de direction musicale, ils ont autant de rigueur que j'en ai sur le plan musical. En fait, c'est moi qui leur ai proposé de monter le truc.

«Notre travail est collectif, c'est clair et net, insiste-t-elle. Léo est Brési l ien, né à LaPaz d'un père colombien et d'une mère irlandaise. Joan est Lyonnais, il a fait du fado et du hip hop. Moi, j'ai fait de la chanson et du funk, j'ai écouté beaucoup de musiques africaines et indiennes. Nous aimons t ous l es musiques du monde, nous aimons le jazz de notre temps. Notre musique est le résultat de notre rencontre, de notre métissage. «

Dans le cadre de Jazz en rafale, l'Émile Parisien Quartet et le trio d'Anne Paceo se produisent ce soir, 20h, à l'Espace Dell'Arte. La première partie sera assurée par Les Associés, finalistes au concours Jupiter-Vandoren.