C'était vraiment «country centre-ville» jeudi soir, au Théâtre Saint-Denis, où les Montréalais avaient la chance d'assister au premier des 12 spectacles de la tournée Quand le country dit bonjour, qui s'arrêtera ce soir à Gatineau, jeudi à Québec, etc.

Un spectacle où des chanteurs pop chantent de grands classiques du country québécois, mais surtout un spectacle heureux et énergique au cube, notamment grâce au «house band» de rêve qui accompagne les artistes.

 

On ne peut pas rêver mieux, en effet, qu'une telle formation, vêtue de «chaps» et chapeaux de cowboy pour l'occasion: Antoine Gratton, tout simplement excellent au piano et à la direction musicale, Mara Tremblay comme toujours impeccable au violon, un Sylvain Pouliot inspiré à la pedal-steel et au banjo, enfin les Respectables aux guitares, contrebasse et batterie (avec mention spéciale au batteur Stéphane Beaudin, remarquable!).

Tout ce bon monde a accompagné avec enthousiasme la «trâlée» de jeunes artistes pop invités pour l'occasion - et il est bien difficile de dire qui a le mieux tiré son épingle de la botte de foin: mon voisin de gauche a adoré Je chante à cheval de Willie Lamothe, interprétée de façon musclée par Jonathan Painchaud, mon voisin de droite a préféré par-dessus tout La Fabrique, chantée avec intensité par Jorane (avec Mara Tremblay et Annie Blanchard aux choeurs).

Pour ma part, j'hésite: le pot-pourri Crying Time (avec Cindy Daniel et Antoine Gratton) et sa version française Il ne faut pas pleurer (Mélanie Renaud et Antoine), suivi de Crazy (par Marie-Denise Pelletier)? Ou Patrick Groulx qui a été tout simplement é-coeu-rant dans son interprétation de Folsom Prison Blues de Johnny Cash? Ou le «King» du country, le vrai, Paul Daraîche en personne venant chanter Perce les nuages?

Impossible de choisir, surtout que les bons moments se sont succédé sur la scène décorée d'une porte de saloon, de clôture en perches, d'une auge en bois et de vieux bidons en fer blanc: Annie Blanchard aussi fraîche et souriante que Renée Martel pendant son interprétation de Prends ma main; une version étonnante de Je m'envolerai par Jonathan Painchaud (très belle voix grave) et Boom Desjardins; une Mélanie Renaud ardente pendant Un jour à la fois; Étienne Drapeau très sympathique pour la jolie Au bout du monde; Cindy Daniel qui chante incroyablement bien Une promesse; Antoine Gratton remarquable au piano et à la voix notamment pendant Le ranch à Willie; Marie-Ève Janvier et Marie-Denise Pelletier enflammées par Cowgirl dorée; Mille après mille revisitée par les Respectables; Mara Tremblay craquante au max pendant J'ai un amour qui ne veut pas mourir... Et ce n'est là qu'une partie des numéros de la soirée...

Inspirée des deux albums à succès Quand le country dit bonjour... (vendus à quelque 150 000 exemplaires en 2006 et 2007), la tournée reprend le même concept: des artistes pop qui chantent du country. Mais le petit quelque chose de particulier de cette tournée, c'est que ce sont les plus jeunes artistes qui interprètent ces airs archi-connus, qui prêtent leur fougue et leur goût d'être sur scène à un répertoire solide, éprouvé par le temps.

Le seul bémol du spectacle, c'est justement qu'on les présente peu, ou mal, ou trop, les chanteurs comme les chansons. Entre les noms d'artistes inaudibles parce que le micro est fermé, la voix de Mario Pelchat qui souhaite la bienvenue dans le noir (non, il n'est pas sur scène, celui qui a conçu pourtant Quand le country...) et les présentations trop écrites de Marie-Denise Pelletier (qui a néanmoins le grand mérite d'être claire et informée), il faudrait vraiment que quelqu'un accepte le rôle de maître de cérémonie.

Mais c'est un détail, rien de grave, car le plaisir est de toute façon immense pendant cette soirée où on chante l'amour, la confiance, la vie quotidienne, l'espoir, toutes des choses dont on a diablement besoin, surtout ces temps-ci. C'est pour cela que j'ai, que nous avons un country qui ne doit pas mourir!

La tournée Quand le country dit bonjour..., jusqu'au 24 avril, à Gatineau, Québec, La Baie, Drummondville, Brossard, Sherbrooke, Granby, L'Assomption, Saint-Hyacinthe et Laval. Infos: www.geg.ca