Trompe l'oeil, l'album qui a permis à Malajube de faire le tour du monde, a été lancé à La Tulipe le 14 février 2006. Trois ans et trois jours plus tard, le groupe a de nouveau choisi le cabaret de la rue Papineau, hier soir, pour lancer son troisième album et donner le coup d'envoi à une autre tournée qui traversera les frontières du Québec et même celles de la francophonie.

La salle était bondée. Il faisait chaud devant la scène comme au fond de la salle. La Tulipe grouillait de gens de l'industrie du disque, bien entendu, mais surtout de fans excités, dont plusieurs semblaient déjà connaître Labyrinthes par coeur. «C'est le fun de jouer de nouvelles tounes et que vous les connaissiez déjà», a d'ailleurs souligné le chanteur et guitariste Julien Mineau, qui a aussi ajouté le clavier au nombre des instruments qu'il touche sur scène.

C'est d'ailleurs assis derrière un piano électrique qu'il a amorcé le spectacle. Malajube a voulu interpréter toutes les chansons de Labyrinthes dans l'ordre et il faut deux claviers pour rendre l'intro délicate d'Ursuline. Pépin technique: aucun son ne sortait des instruments de Thomas Augustin, claviériste en chef du groupe. Faux départ.

«On refait l'intro?» a alors demandé Julien Mineau à la foule. Il a interprété la rumeur enthousiaste qui s'est levée comme un «oui». Le groupe a obtempéré. Solidement attachés les uns aux autres par le son de leurs instruments, les quatre musiciens (les deux autres étant le bassiste Mathieu Cournoyer et le batteur Francis Mineau) étaient prêts à guider la foule dans son rock plus tordu et plus ambitieux qu'avant.

Moins fébrile et moins tranchant que Trompe l'oeil et Le compte complet, Labyrinthes propose un rock plus réfléchi. Plus prog, écrivent certains téméraires, oubliant momentanément que les puristes du genre risquent de leur adresser une lettre de trois pages leur expliquant pourquoi ce n'est pas du prog. Entendons-nous sur ceci: Malajube se montre moins impulsif et encore plus soucieux de l'architecture de ses chansons.

Du coup, sur scène, le groupe n'assène plus la même décharge électrique. Appliqués à bien négocier les nombreux virages de leurs nouvelles chansons, les quatre musiciens n'en habitaient pas encore chaque recoin. Julien Mineau n'a pas encore trouvé ses marques pour bien mener le refrain de Porté disparu, notamment.

Ce qui compte, c'est que les pièces de résistance de Labyrinthes, c'est-à-dire les Ursuline, Casablanca, Cristobald et Les collemboles, ont été enlevantes. La finale presque métal de Collemboles a été particulièrement efficace et percutante. Il était également fascinant de constater le territoire exploré par ces morceaux qui durent à peine quatre minutes (sauf Ursuline).

Le décalage entre les morceaux plus ambitieux et les morceaux plus pop de Labyrinthes se fait sentir, bien sûr. La différence est aussi marquée avec les pièces des deux albums précédents, comme on a pu le constater au cours du «rappel». Le mélange va donner un spectacle soit parfaitement équilibré, soit complètement schizo. C'est à voir. Mais le coup d'envoi est convaincant.