Le Club Soda était bondé jusqu'au balcon. Pas de doute, le retour sur scène de Beast était attendu, hier soir, quelque trois mois après la parution de son premier album (éponyme) sur le label Pheromone.

Le duo formé de la chanteuse Betti Bonifassi et du batteur/architecte rythmique Jean-Phi Goncalves, augmenté hier d'un guitariste et d'un bassiste, a fait pas mal de chemin depuis ses débuts scéniques (et parfois d'un brouillon qui frisait la cacophonie) l'été dernier. Un rigoureux régime de spectacles, devant fans et membres de l'industrie de la musique a, par la force des choses, resserré les boulons de la performance sur scène, généralement irradiante hier soir, mais non sans défauts.

 

Le meilleur, ça relève de l'évidence, reste la performance de Betti Bonifassi. Désolé si on se répète mais, depuis ses collaborations avec Benoît Charest (Les triplettes de Belleville) et Champion, cette voix et cette présence valaient déjà le prix du billet. Magnétique, elle semble porter ce projet au bout de ses cordes vocales, injectant une nécessaire dose de soul à ces rythmes qui, en équilibre entre le hip hop et le hard rock/industriel, tanguent plus souvent du côté lourd.

Il serait injuste de passer sous silence le jeu et la vision de Goncalves. Le batteur semble avoir une idée claire, et aventureuse, de la direction musicale de son projet Beast. Son habileté derrière la batterie n'est plus non plus à démontrer: le bonhomme joue avec une énergie et une précision ravissantes.

Les défauts du concert de Beast sont en fait déjà détaillés dans l'album que le duo nous a proposé l'automne dernier. Question de groove, ou de l'absence de. Certains titres s'enferment dans la répétition d'un thème rythmique qui, rapidement, devient lassant, d'autant plus qu'ils tendent à rappeler l'époque trip-hop à laquelle on les a parfois comparés.

Ainsi, lorsque le groupe s'est lancé, aux deux tiers du concert, dans l'interprétation du single Mr. Hurricaine, la foule s'est tout d'un coup mise à danser comme si elle attendait ce moment depuis longtemps. Parfois, les titres plus rock et posés - comme l'évocateur hommage à Ennio Morricone (était-ce bien une inédite?) - traduisaient bien le «côté nutritif», plus explorateur, de la proposition musicale.

Il se trouve que, sur disque comme sur scène, nous aurions pris davantage du côté givré. Les basses fréquences bien grasses s'apprécient mieux lorsque le rythme ou la mélodie nous donne à danser. Question de groove... et d'équilibre.