Contrairement à ce qu'on dit souvent, ce n'est pas quand on perd quelque chose qu'on en comprend la valeur, mais quand on le retrouve. Mes aïeux avaient pris l'habitude de se produire entre Noël et le jour de l'An, alors on avait pris l'habitude d'aller les voir à ce moment-là. Une jeune tradition qui a brusquement cessé il y a deux ans... et qui a repris hier soir. Heureusement.

L'accueil a été à la mesure du manque ressenti par les fans: le Métropolis était plein à craquer. Des gens enthousiastes qui, pour la plupart, avaient déjà vu le groupe en spectacle, si on se fie au sondage à main levée effectué par Stéphane Archambault. Des gens de bonne humeur qui savent qu'il vaut mieux être en forme pour ne pas perdre pied - et le souffle - durant leurs performances férocement ludiques et hautement énergiques.

 

Tenez, hier soir, il était 22 h passées quand j'ai quitté la salle pour écrire mon compte rendu. Mes aïeux chantaient gaiement «une pilule/une p'tite granule/une infusion/une injection» devant une foule grouillante et enchantée de refaire avec eux les gestes qui accompagnent cet air. Il restait encore une demi-douzaine de chansons au programme. Ton père est un croche, notamment, et Le yâble est dans la cabane, toune qu'il est impossible d'écouter d'un air impassible et qui marche d'ailleurs toujours très fort en spectacle.

L'atmosphère de fête était bien installée depuis longtemps à ce moment-là. Depuis le tout début du spectacle, en fait. Tout s'est mis en place naturellement dès Notre-Dame-du-Bon-Conseil, chanson douce que le groupe a entonnée en ouverture. Nulle impression de flottement. Le courant passait déjà parfaitement entre la scène et la salle. L'instant d'après, ça gigotait durant Le déni de l'évidence, curieuse chanson sur laquelle on danse même si son propos n'est pas du tout jojo. Comme Tassez vous de d'là des Colocs, tiens.

Visiblement en forme - on les soupçonne de n'avoir commis aucun excès au cours de leurs soupers de Noël -, les membres de Mes aïeux ont offert une performance impeccable. Ils ont beau être sept sur scène, personne ne marche jamais sur les pieds de personne au plan musical, et aucun d'entre eux ne cherche à tirer la couverture de son bord. Ce qui, bien sûr, a une incidence directe sur la salle: hier, le Métropolis embaumait la bonne entente et la bonne humeur.

Deux heures passées avec Stéphane Archambault et compagnie, c'est une expérience complète. Un peu de théâtre, de chorégraphies et pas mal d'humour. Sur ce plan, ça va de l'ironie au summum du cabotinage. La mise en scène pseudo-religieuse et fort comique autour de Prière cathodique a été fort réussie, d'ailleurs.

Et beaucoup de musique, bien sûr. Mes aïeux, c'est d'abord un habile amalgame de variétés, de chanson, de rock, de groove, de disco et, bien entendu, de folklore. Le nôtre et celui des autres. Qui nous mène? se termine dans une espèce de folle danse russe. La corrida de la Corriveau, comme son titre le laisse entendre, ne reste pas longtemps cantonnée dans notre patrimoine musical.

Histoire d'ajouter au plaisir, Mes aïeux avaient des invités, hier. Tricot Machine a fait un tabac avec sa candeur, sa chanson d'église et son tube L'ours. En fin de programme, le violoncelliste Claude Lamothe devait aussi rejoindre le groupe sur scène. Ces invités spéciaux seront sans doute de retour au Métropolis avec Mes aïeux, ce soir. Une chose est sûre: quand le groupe va entonner Dégénérations, qu'il interprète désormais d'une manière plus rock et plus punchée, le parterre va de nouveau s'embraser!

Mes aïeux se produit de nouveau ce soir, 20 h, au Métropolis.