Depuis 2004, les Escales improbables veulent restituer l'art dans la ville, en transformant le Vieux-Port en chantier artistique à ciel, et fleuve, ouverts.

En déambulant, le public peut découvrir des créations inattendues en danse, musique ou arts visuels. Pour la cinquième présentation de la manifestation, la proximité entre public et artistes se fera autour d'un thème fort: l'engagement politique et la parole citoyenne à travers l'art. Le tout sous le haut patronage d'Aimé Césaire.

«Tous les artistes qui sont là ont une façon engagée de parler du monde. Leurs oeuvres sont centrées sur une réflexion autour de la place de l'art dans la société, comme outil de prise de parole à la fois intime et collective, mais toujours avec le recul propre à l'art, avec dérision et humour.» Ainsi parle Sylvie Teste, directrice artistique des Escales qui, avec son cofondateur Mustapha Terki, s'est inspirée pour lancer cet événement singulier de la phrase d'Oscar Wilde «On devrait toujours être légèrement improbable.» Improbables, décalés, imprévisibles, étonnants, voire perturbants: un vrai manifeste du rôle de l'artiste.

Sylvie Teste et son équipe proposent depuis cinq ans un déambulatoire avec des rencontres. Le passant se promenant seul ou en famille peut accidentellement tomber sur diverses oeuvres en train de se créer devant lui. «C'est un bel appel à la dérive, à la flânerie qui favorise la découverte. Une invitation en tout cas à la rencontre», dit-elle. Cette année encore, ces rencontres seront pluridisciplinaires et internationales, avec un programme inédit. Pour un public toujours fidèle.

Au chapitre de la danse, trois femmes chorégraphes mondialement connues: d'abord, pour la première fois au Canada, la grande dame de la danse sud-africaine, Robyn Orlin, surnommée «l'irritation permanente» tant elle ne cesse d'interroger ses racines et l'apartheid avec un humour aussi grinçant qu'irrésistible. Elle présentera un film très attendu, Beautés cachées, sales histoires «un bijou de 28 minutes» promet Sylvie Teste dès la grande soirée d'ouverture, et une chorégraphie autour des rapports entre danseur et chorégraphe, Although I live inside... my hair will always reach towards the sun, avec pour interprète Sophiatou Kossoko qui jongle entre bouilloires et... piscines gonflables.

Ensuite, la Française Dominique Rebaud présentera Noir avec le musicien Claude Barthélemy. Sur les notes d'un arabo-flamenco joué au oud et à la guitare, la danseuse évoluera sur l'eau du bassin du Vieux-Port avec une gestuelle contemporaine inspirée de Nikolais, Graham et Isadora Duncan. Sans oublier Josiane Antourel, la Martiniquaise, qui offre une prestation inspirée de son illustre compatriote Aimé Césaire. «En fait, précise Sylvie Teste, le programme des Escales propose un maillage subtil entre les différentes performances qui sont toutes imbriquées les unes dans les autres, et non pas juxtaposées sans lien entre elles.»

Intitulée Le Grand Tintam'art/Pseudo-cabaret exp (l)osif politiquement désarmant et irrespectueusement commémoratif, la soirée d'ouverture du 11 septembre un hasard, vraiment? représente bien cet esprit de maillage entre disciplines. Autour des textes de Césaire, dits et lus par le comédien haïtien Ruddy Silaire (qu'on a notamment vu dans les pièces de Denis Marleau), tous les artistes de cette saison offriront, de 19 h à 23 h, un spectacle en boucle et en mouvement perpétuel.

Infos:
target=_blank>www.escalesimprobables.com

Soirée Émergence au Studio 303

Bonne nouvelle: non seulement le Studio 303 n'a pas fermé, mais il a mis en place un programme de résidence d'été pour artistes en émergence, dont on pourra voir les premiers résultats, fort prometteurs, dans le cadre du Vernissage-Danse les 12 et 13 septembre. Sur scène, Jessica Serli&The Choreographers, et pas n'importe lesquels: Thea Patterson, Katie Ward, Peter Trosztmer, Audrée Juteau. Des dates à marquer d'une croix rouge: 12 septembre, à 20h, et 13 septembre, à 19h et 21h. Infos: 514-393-3771 ou www.studio303.ca.

À l'agenda

Wave, de Sylvain Émard, jusqu'au 20 septembre, à 20 h, à l'Usine C.

Sur les glaces du Labrador, de Sarah Chase, jusqu'au 20 septembre, à 20 h, à l'Agora de la danse.

Les Escales improbables: soirée d'ouverture demain, de 19 h à 23 h, au Centre des Sciences de Montréal; Performances du 11 au 14 sur les quais du Vieux-Port.

Vernissage-danse. Émergence, vendredi, à 20 h, et samedi, à 19 h et 21 h, au Studio 303.