Le temps maussade mine le moral estival, mais il n'a pas suffi à entamer celui des festivaliers. Qu'il s'agisse des Francos, du Festival de Lanaudière ou encore des toutes jeunes Dyades, la pluie n'a pas causé de ravages dramatiques du côté de la fréquentation des activités extérieures des festivals.

Froid, pluie fine et grisaille n'ont pas eu «trop d'impact sur les spectacles à l'Amphithéâtre, où les places étaient pré-vendues», note-t-on du côté du Festival de Lanaudière. L'an dernier, la 30e présentation du festival avait été un bon cru, avec 66 000 festivaliers, un record. Cette année, 60 000 billets ont été vendus. «Mais on ne peut juste pas comparer: c'était le 30e, et la promotion de l'événement était différente.»

Pour Les Dyades, une nouvelle rencontre cirque et chanson présentée la semaine dernière à Joliette, seuls deux shows (Éric Lapointe et Claude Dubois) ont dû être déplacés sous des cieux plus cléments. Un peu plus de 9000 personnes ont profité de l'événement, malgré la pluie.

Le week-end dernier, les toutes jeunes journées du cinéma de Percé, en Gaspésie, ont aussi été épargnées par la pluie: «On a eu des activités extérieures très belles, et aucune n'a été reportée à cause du temps», dit François Cormier, programmateur des Percéides.

Tout aussi peu influencé par les aléas climatiques, le public des théâtres d'été a été, jusqu'à présent, fidèle et constant. «Ce que j'ai comme message, c'est que la saison se déroule bien, et les week-ends vont très bien», dit Alain Monat, coordonnateur de l'Association des producteurs de théâtres privés (APTP).

Philosophe, il ajoute: «Quand ça va très bien pour tout le monde, pour nous, ça va moyen. Et quand ça va moins bien pour tout le monde, pour nous, ça va toujours moyen. Il semble que l'on soit moins à la merci de la température.»

Prévisions pessimistes

Pour le Festiblues, lui aussi présenté le week-end dernier, le constat est beaucoup plus maussade. Avec un déficit de 75 000 $, le festival organisé du 7 au 10 août au parc Ahuntsic de Montréal a connu cet été l'une de ses moins bonnes années, au grand dam de son président, Martin Laviolette. En dépit d'une journée de forte affluence (samedi), le festival a vu sa fréquentation diminuer de moitié.

La désaffection du public, croit M. Laviolette, doit beaucoup aux pictogrammes présentés sur les chaînes et sites météo. «Quand tu ouvres ta télé et que tu vois un nuage, deux éclairs et des gouttes, tu vas au cinéma. Mais quand tu lis, tu te rends compte que sous le dessin, c'est écrit 40 % de probabilités d'averses, et 1 millimètre de précipitations! On devrait avoir la responsabilité d'inviter les gens à regarder cela attentivement. On va accuser un déficit, même s'il a plu seulement 10 minutes sur les quatre jours!» s'exclame-t-il.

Pas rancunier, M. Laviolette ne serait pas contre un partenariat avec la chaîne de météo, «pour constater s'il pleut ou pas au parc». «Je trouve que ce moyen de communication-là a une incidence sur la vie culturelle et en région», estime-t-il.

Beau temps pour le cinéma

Il en va toutefois de la météo comme de la vie: le malheur des uns fait le bonheur des autres. C'est le constat que tire Jean Colbert, président de l'Association des propriétaires de cinémas et cinéparcs du Québec, de l'été.

«Évidemment, le cinéma fonctionne mieux quand il pleut. C'est un très bel été de cinéma, on ne peut pas se le cacher!» dit-il. La fréquentation des salles obscures, pendant les trois dernières semaines de juillet et la première semaine d'août a bondi de 20 % cet été, par rapport à l'été 2007. Cette hausse doit toutefois autant à la météo qu'à la présence de titres forts (The Dark Knight, par exemple).