Il était mûr pour son gala, Guy Nantel! C'était le premier qu'il animait. Souriant comme trois, il est arrivé sur scène prêt à en finir avec les accommodements raisonnables.

Il en avait des choses à dire au sujet de la commission Bouchard-Taylor, qui semble avoir été créée d'abord pour alimenter sa machine à gags socio-politico-engagés! «Hérouxville! La dernière fois qu'un petit village a autant fait parler de lui, c'est quand les Nordiques sont partis de Québec! (...) On ne me fera pas accroire qu'il y a des immigrants là. Il n'y a même pas de taxis!»

L'humoriste était gonflé à bloc et le public, réceptif. Trois ans passés à monologuer à l'émission de débats Il va y avoir du sport, à Télé-Québec, ont rendu Nantel extrêmement efficace sur scène. Il est baveux, pertinent et aucunement frileux.

Au cours d'un gala qu'il voulait «thématique», il a notamment invité sur scène des Haïtiens, un Français et un anglophone (Mike Ward). On lève notre chapeau à Jérémy Demay, un Français résidant désormais au Québec, qui a charmé le public en démontrant, grâce à des expressions consacrées de la langue française, que les Québécois sont plus virils que les Français.

Nantel s'est ensuite payé une commission portant son nom et des vox-pop dans la rue pour montrer à quel point certains Québécois ignorent tout de leur histoire et de celle des immigrés. Ces numéros, en première partie, étaient moins réussis. On souligne cependant le soin qu'a mis l'animateur, toute la soirée, à n'épargner personne, au grand plaisir des spectateurs.

Ironiquement, c'est lors du premier numéro qui ne traitait aucunement des accommodements raisonnables que le public a fini par bondir de son siège. Véronic DiCaire, inattendue, venait de faire état de son talent d'imitatrice en empruntant les voix de Céline Dion, d'Isabelle Boulay, de Ginette Reno, de Marie-Élaine Thibert et de Diane Dufresne pour parler d'émissions de gaz à effet de serre, de recyclage et d'hypersexualisation des jeunes filles. Une nouvelle carrière pour la chanteuse?

Lorsque la représentante de La Presse a quitté le Théâtre Saint-Denis à 22 h 35 - heure de tombée oblige -, on n'en était qu'au début de la deuxième partie. L'animateur venait d'enfoncer un clou de plus dans la molle fierté des Québécois. Anthony Kavanagh et Rachid Badouri ne s'étaient pas encore présentés sur scène, ce qu'ils devaient faire, paraît-il, en policiers haïtien et arabe. Il faudra attendre la diffusion du gala à la télé pour savourer...