Le ciel était lourd et gris mais, au-dessus des nuages, la semaine dernière, il y avait des perséides. Les loups-garous, les trolls et les elfes ne s'y sont pas trompés : c'est le moment qu'ils ont choisi pour envahir l'Amphithéâtre de Lanaudière, à Joliette, pour les Dyades, un tout nouveau festival mariant la chanson et l'univers mythologique de Bryan Perro.

«Une fois par année, à la mi-août, les créatures mythologiques des mondes invisibles se rassemblent pour fêter sous les perséides. Pour ce faire, ces êtres venus d'ailleurs, incarnés par des artistes de cirque, invitent les humains à partager avec eux des moments exceptionnels de joie et de magie», explique Bryan Perro, concepteur du festival et auteur de la série fantastique à succès Amos Daragon.

Pour faire de ce coup d'essai un coup de maître, la Place des Arts et le Centre culturel de Joliette n'ont pas ménagé leurs efforts. Le concept de ce festival de cinq jours était original: de grandes voix du Québec accompagnées de numéros inspirés de l'art du cirque. L'affiche était alléchante: un sabbat de loups-garous avec Éric Lapointe; une fête des trolls avec Sylvain Cossette; un congrès de spectres présidé par Claude Dubois; une soirée chez les elfes avec Boom Desjardins.

«De l'oeuvre de Jules Verne jusqu'à aujourd'hui avec Harry Potter, en passant par le Seigneur des anneaux et le Star Wars de George Lucas, le fantastique et la science-fiction occupent une place enviable dans l'univers mondial du divertissement. Pourtant, aucune manifestation d'importance au Québec n'a encore placé cette thématique au premier plan de ses activités estivales», ajoute Bryan Perro, qui a vendu plus d'un million de livres au Canada. «Quand on m'a demandé de travailler avec l'équipe, ça m'a plu, car j'aime créer des univers.»

Une sarabande de créatures

Tous les soirs, les artistes étaient entourés d'une sarabande de créatures, dans une mise en scène de Paul Vachon, clown acrobate et directeur du Théâtre de l'Aubergine. De quoi en mettre plein la vue... et contenter un peu tout le monde. Mercredi, Éric Lapointe s'est produit sur scène entouré de cracheurs de feu. «Je ne suis pas son plus grand fan, mais j'ai adoré le spectacle», confie Robert Gagnon, président du Centre culturel de Joliette.

Jeudi, une quarantaine de comédiens déguisés en trolls s'amusaient à divertir les festivaliers. En prélude au concert de Sylvain Cossette, des matches de lutte étaient organisés en plein air. Le festival, qui se déroulait dans une ambiance conviviale, ressemblait à un mélange d'Halloween et de Woodstock.

Accompagné par les acrobates du cirque Les sept doigts de la main, Sylvain Cossette s'est donné corps et âme sur la scène de l'Amphithéâtre. Le chanteur a caressé les nostalgiques dans le sens du poil. «On va voyager dans les années 70», a-t-il annoncé dès son entrée sur scène. Accompagné de sa guitare, il a revisité des classiques tels que Take the Long Way Home de Supertramp et Roxanne de The Police.

Seule ombre au tableau: le mauvais temps. «Nous sommes très dépendants de la température. S'il avait fait beau, il y aurait eu plus de monde», affirme Michel Gagnon, directeur programmation à la Place des Arts. Toutefois, il n'a pas l'intention de laisser les intempéries gâcher la fête. «L'année prochaine, le concept sera encore plus imposant», promet-il.

Une région en expansion

Ce nouveau festival a été créé en partie pour servir de levier au développement économique et touristique de la région de Lanaudière. Il donnera un peu de lustre à une ville en pleine expansion, croit le maire René Laurin : «Joliette est la première ville au Québec pour la croissance démographique, et la septième au Canada.»

Montréal a perdu près de 29 000 habitants entre 2001 et 2006. Les gens qui quittent la métropole sont essentiellement des baby-boomers dont la retraite est imminente - et qui ont envie de se divertir. Beaucoup s'installent dans Lanaudière. Dans ce contexte, normal que les festivals leur emboîtent le pas.