En dépit d'une longue tournée de reformation qui prend fin ce jeudi, le groupe Police n'a pas vraiment mis un terme aux différends qui ont bien failli le faire imploser il y a quelque 25 ans de cela.

Cependant, il apparaît que ses membres s'entendent un peu mieux. «Les gens ne changent pas vraiment», a avancé le guitariste Andy Summers à l'Associated Press. «Nous sommes toujours les trois sales types que nous étions. En fait, je suis plutôt fier qu'on en soit quand même arrivé là».

The Police avait initialement décidé de clôturer la gigantesque tournée de ses retrouvailles depuis 30 ans au Giants Stadium, bouclant ainsi la boucle d'une carrière qui avait débutée sur scène à New York, au CBGB, le défunt temple punk-rock. Entre temps, leur tournée d'adieux ayant eu un tel succès, des dates ont été ajoutées et elle devrait même faire partie du club très fermé des cinq tournées rock de tous les temps ayant généré le plus de gains.

Le 96e et ultime concert, qui doit se dérouler ce jeudi soir au Madison Square Garden fait dire à Andy Summers combien il a trouvé émouvant de voir les fans du groupe, devenus adultes, prendre autant de plaisir à écouter les succès comme Roxanne, Don't Stand So Close to Me ou Every Breath You Take. Mais certaines situations sont quant à elles restées engluées.

Summers dit avoir été tiraillé entre «deux gamins se chamaillant pour tirer la couverture à soi», à savoir le chanteur/bassiste Sting et le batteur Stewart Copeland. Copeland est un musicien viscéral de la trempe de ceux qui voient la musique comme un exercice spontané et joyeux et qui adore le processus de la création musicale. Il considérait Sting comme un génie musical, très sûr de ses idées, mais pas très enclin à la collaboration. Maintenant que Copeland a passé plusieurs années à composer des B.O. pour le cinéma, quitte à engager des musiciens qui joueraient exactement les notes figurant sur la partition, il comprend mieux à quel point il a failli rendre Sting complètement fou.

«Quand (Sting) exerce son droit de faire les choses comme il les a imaginées, cela devient un problème entre lui et moi», explique Copeland. «Mais moi, je ne m'y fais pas. Je ne mémorise pas. J'ai mes propres idées. Je suis incorrigible». «Quand (Sting) avait 25 ans, il ne pouvait pas comprendre tout ça», justifie Copeland, 56 ans.

Sting, Copeland et Summers ont bien essayé, depuis leur séparation de 1984 de mettre de l'eau dans leur vin, «mais jamais au point d'arriver à se débarrasser des idées reçues que chacun avait sur l'autre», poursuit-il, ajoutant que «travailler avec Sting fait un bien fou», mais que lui «a aussi besoin de respirer de temps en temps».

Les membres du groupe ne s'accordent pas tout à fait sur l'idée d'une autre reformation possible. Copeland estimant que cela en est bel et bien fini de Police en tant que groupe, quand Summers estime qu'il peut être envisagé à nouveau un retour à la façon des Eagles.