On croyait avoir tout vu avec Paul McCartney. Erreur. Le spectacle de Céline Dion a lui aussi attiré des dizaines de milliers de fans, hier soir, sur les plaines d'Abraham. «Et Céline, elle est vraiment de chez nous.»

Cette citation, on pourrait l'attribuer à presque tous les amateurs venus d'un peu partout au Québec pour voir LEUR Céline. Difficile de dire si la foule a atteint les 200 000 personnes qui s'étaient déplacées un mois plus tôt pour l'ex-Beatle. Peu avant le début du spectacle, le site était rempli aux trois quarts.

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Les premiers amateurs sont arrivés tôt en matinée. Ils ont patienté sous le soleil durant l'une des journées les plus chaudes de l'été.

À 16 h, les organisateurs ont ouvert les barrières et laissé entrer les fans quelques dizaines à la fois sur le Terrain des sports. La patience des uns a été récompensée : les premiers, avec ou sans billet, ont pu bénéficier d'un bracelet jaune qui leur permettait d'atteindre la section la plus proche de la scène.

C'était le cas d'Annie Darlington, une Québécoise qui vit aujourd'hui à Saint-Thomas, en Ontario. Elle avait fait 12 heures de voiture pour voir son idole. En fait, Mme Darlington avait réservé sa chambre d'hôtel en août 2007, après avoir eu écho de la venue de Céline aux fêtes du 400e.

«Et lundi, je vais la voir au Centre Bell. Et mercredi, je la vois à Toronto», s'est enthousiasmée Annie Darlington, les larmes aux yeux, confortablement assise sur le manteau rouge marqué « Céline Dion » qu'elle s'est procuré à Las Vegas.

«Je la comprends tellement, Céline, quand elle dit qu'elle s'ennuie du Québec. Je me reconnais en elle. Je l'adore», a dit celle qui l'a vue plus de 10 fois en spectacle.

Autour d'Annie Darlington, les amateurs regardaient un film sur la vie de la chanteuse diffusé sur les sept écrans géants. Ils venaient de Beauce, de la Mauricie, de l'Acadie, de New York. Certains pleuraient, émus par l'histoire de la petite fille de Charlemagne.

Lois Morales, une Américaine de New York, essuyait ses yeux avec un mouchoir. « C'est mon rêve. Je suis tellement reconnaissante d'avoir eu une place si proche », a-t-elle confié. D'autant plus que Lois Morales n'avait pu mettre la main sur l'un des 100 000 billets qui garantissaient une place à l'avant.

«Ça ne vous embête pas que Céline ne chante qu'en français, ce soir?

– Pas du tout, a répondu sa fille de 26 ans, Lianna. Sa voix transcende les langues.»

Commotion à Québec

La venue de Céline a provoqué hier une véritable commotion dans les rues de Québec.

À l'heure de pointe, le flot de voitures qui convergeaient vers le quartier Montcalm a créé d'importantes congestions routières. Il fallait compter près d'une heure pour parcourir les 10 km qui séparent le pont Pierre-Laporte des plaines d'Abraham.

Les policiers de Québec, tous déployés, tentaient tant bien que mal de diriger la circulation, avec parfois une pointe d'exaspération. En fin d'après-midi, trouver une place de stationnement relevait du miracle. La Grande-Allée était fermée, tout comme les rues perpendiculaires.

Certains amateurs ont donc préféré regarder le spectacle d'un peu plus loin, sur les toits des immeubles environnants. Les cinq soeurs Lefrançois avaient installé leurs chaises pliantes dès 10 h au 19e étage du Saint-Laurent, sur la Grande-Allée.

«Entre nous, on a vu une quinzaine de spectacles de Céline», a lancé Linda Lefrançois, vêtue d'un chandail frappé d'une photo de son idole. «Céline est la preuve vivante que l'expression «on est né pour un petit pain» n'est pas vraie!» a ajouté sa soeur Rachel. Pour les soeurs Lefrançois, c'est sans équivoque : la venue de Céline Dion est plus significative que celle de l'ex-Beatle.

En après-midi, des amateurs avaient installé leurs chaises pliantes le long de la Grande-Allée, de l'autre côté de la clôture qui borde les plaines. Ils pouvaient ainsi garder un oeil sur les écrans géants et tendre l'oreille vers les 16 tours de relais du son.

«Quand on a su qu'elle donnait un concert gratuit, on n'avait pas le choix. Il fallait venir», a lancé Sandra Moreau, une Américaine du New Hampshire en fauteuil roulant.