Des dizaines de milliers de fans des Beatles se sont agglutinés sur les plaines d'Abraham hier dès l'aurore pour assister au concert qu'ils pressentaient déjà comme le «Woodstock de Québec». En attendant les premiers accords de Sir Paul McCartney, la foule a fredonné durant des heures les meilleurs refrains du groupe britannique.

Quelques centaines d'inconditionnels ont passé la nuit de samedi à hier sur les Plaines, malgré quelques averses. «C'est le chanteur le plus «big» de l'histoire du rock. Donc ça vaut la peine de salir mon t-shirt pour venir l'entendre», a expliqué Michel Benoît, enduit de boue.

Plusieurs spectateurs rencontrés s'étaient déplacés des États-Unis, du Mexique et même de la France pour entendre l'ex-Beatle. En début de soirée, l'auditoire était si compact dans la zone d'attente qu'il était presque impossible d'y circuler. Du matin au soir, la Grande-Allée était bondée.

«Québec loves you», «Paul, c'est une nuit magnifique» et «nous avons conduit 15 heures pour voir Paul McCartney», étaient parmi les messages livrés au chanteur sur d'immenses pancartes colorées.

Elizabeth Cleeland a installé une station de conception d'affiches sur la pelouse des Plaines pour que d'autres fans puissent exprimer de tels messages à leur idole. Assise au milieu de crayons et de cartons multicolores, la femme venue des États-Unis pour le concert explique comment les Beatles ont marqué son enfance.

«Ils font partie des plus beaux souvenirs de ma vie, affirme la femme de 53 ans. Lorsque j'étais petite, ma mère sortait ses balais et on les utilisait comme guitare en chantant les succès des Beatles. Ça nous changeait les esprits dans les moments difficiles.»

Mariette Labrecque est arrivée très tôt hier matin pour s'assurer de dénicher une place à l'avant de la scène. «On n'espérait jamais le voir à Québec, dit-elle. Ses paroles, c'est notre vie, notre génération. Avec ce spectacle, je revis la période Peace and Love.»

Parmi la foule principalement constituée de baby-boomers, se trouvaient également des jeunes. «Sa musique traverse les temps», affirme Maxime Brind'Amour, 20 ans, qui est parvenu à faire signer sa guitare Gibson par son idole vendredi.

«Il m'inspire beaucoup même si je joue surtout du heavy metal et du grunge. Je flotte sur un nuage en ce moment. J'ai encore plus hâte au show depuis que je sais qu'il va utiliser la même guitare que celle qu'il m'a signée.» Le pâtissier aimerait prêter son instrument au Musée de la civilisation pour que des milliers de Québécois puissent l'admirer de plus près.

«J'ai l'impression de ne pas être né à la bonne époque, a renchéri Frédéric Garant-Rousseau, étudiant de 21 ans qui a découvert le célèbre groupe pendant son enfance. Les Beatles sont comme Mozart, leur musique sera encore écoutée par les générations à venir.»

Les fans ont honte

Les spectateurs rencontrés semblaient découragés par la polémique créée par certains souverainistes qui ont dénoncé la venue d'un chanteur anglais pour célébrer le 400e anniversaire du berceau de la francophonie.

«Quand tu vas sur Yahoo! et que tu te rends compte que c'est la deuxième nouvelle la plus consultée au monde, c'est vraiment honteux», dit Éric Vallières, confortablement installé dans la première rangée derrière la barrière qui mène au site.

«On est un village qui devrait s'ouvrir sur le monde, a dénoncé Mario Bouchard, qui s'est défini comme étant un grand admirateur de la culture anglaise. Ils ont failli gâcher un moment historique.»

Quelques mètres plus loin, Charles Vincent, producteur agricole de 28 ans, était du même avis. «Le 400e, c'est un événement qui devrait nous donner un grand rayonnement international. À la place, les gens à travers la planète vont se rappeler que les gens de Québec s'indignent qu'une icône planétaire de la musique soit venue leur souhaiter joyeux anniversaire. C'est décevant et vraiment ridicule.»

Les organisateurs attendaient environ 250 000 personnes hier. Au moment de mettre sous presse, la soirée s'était déroulée sans incident majeur, mais cinq personnes ont été arrêtées pour abus de substances, a rapporté la porte-parole de la police de Québec, Sandra Dion.