L'ambition de Pierre Lapointe a toujours été de faire le lien entre différentes formes d'art, qu'elles soient pointues ou populaires. Il le dit et le répète, mais ce ne sont pas des paroles en l'air. Son spectacle Mutantès (prononcez «mutantêsse», il insiste), qui sera présenté cet été dans le cadre des FrancoFolies, s'annonce comme son plus ambitieux à ce jour. Et son plus mystérieux, conclut-on, après la tenue d'une conférence de presse qui devait en dévoiler les contours.

Que sait-on de Mutantès? Qu'il s'appuie sur une vingtaine de nouvelles chansons que personnes n'aura jamais entendues avant la première, le 31 juillet. Qu'il fait appel à une douzaine de comédiens, chanteurs et danseurs baptisés «les 12 apôtres». Que la facture du spectacle sera à la frontière du théâtre, du tour de chant, de la performance et peut-être de la comédie musicale... «On pourrait dire que c'est un show multidisciplinaire, mais en même temps, ce n'est pas un spectacle du Cirque du Soleil avec des acrobates et des costumes rose fluo», dit le chanteur.

Intéressé depuis longtemps par le théâtre, la danse contemporaine et les arts visuels, Pierre Lapointe a notamment recruté le metteur en scène Claude Poissant (à qui on doit notamment Le traitement, pièce dynamique et percutante reprise l'automne dernier à l'Espace Go), le chorégraphe Frédérick Gravel et le photographe-vidéaste Pascal Grandmaison pour mettre en forme la «grande confusion» qu'il avait en tête. À cette équipe de créateurs, se greffent également des collaborateurs habitués à son monde (dont la scénographe Geneviève Lizotte) et son groupe (dont l'arrangeur Philippe Brault), augmenté de François Lafontaine (du groupe Karkwa) et d'Alex McMahon (Plaster, Ariane Moffatt et Yann Perreau).

L'idée de départ de Pierre Lapointe? «Mettre ensemble plusieurs oeuvres d'art pour en faire une grande», dit-il, sibyllin. Claude Poissant parle d'un spectacle dont «chaque chanson est un tableau» et dont le fil conducteur serait «un être qui ne trouve plus la lumière à l'intérieur de lui et qui la cherche ailleurs, chez les autres et dans l'univers». Il évoque une espèce de fin du monde «cruelle et mélancolique», mais sans violence et sans cataclysme.

Mutantès s'inscrit dans la lignée de l'oeuvre mélancolique de Pierre Lapointe, si l'on en croit une chanson nouvelle et le clip publicitaire présentés hier en conférence de presse. «Un show juste lourd, ce n'est pas intéressant, nuance toutefois le chanteur. Mon regard pince-sans-rire qui dit des choses qui ne se disent pas, ça va rester.» Il ajoute que la «présence humaine forte» des 12 danseurs et chanteurs et les chansons elles-mêmes contribueront à réchauffer l'atmosphère. «Tout ne sera pas froid», assure-t-il, tout en précisant qu'il avait voulu que le clip réalisé par Pascal Grandmaison ait cet aspect léché, mystérieux et un peu froid.

Mutantès étant en cours d'élaboration, aucun des participants interrogés hier ne pouvait ni ne voulait en donner une image trop précise. «C'est de l'expérimentation à grand déploiement», résume Pierre Lapointe, heureux de se lancer dans une entreprise de création collective qui ne sera peut-être jamais reprise après les quatre représentations initiales. Mutantès ne sera donc pas filmé pour la postérité.

Et fera-t-il l'objet d'un disque? De ses 20 nouvelles chansons, Pierre Lapointe espère bien sûr en récupérer un certain nombre sur un album à paraître en 2009. Mais certainement pas dans la forme qu'elles auront cet été. Encore là, rien n'est sûr. «Si le spectacle est un flop, je vais devoir écrire de nouvelles chansons!» a lancé le chanteur, faisant preuve de cette autodérision qui le caractérise.

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Mutantès, les 31 juillet, 1er et 2 août, à la salle Wilfrid-Pelletier dans le cadre des FrancoFolies.