Normalement, ces slogans, pamphlets, éditoriaux et billets mis en rimes ne font pas de bonnes chansons. Les seules occasions où ça fonctionne, c'est lorsque le sujet est crucial, très urgent.

Est-ce ici le cas? Comme le dit Tiken Jah Fakoly, le reggae est le véhicule idéal pour les sujets sociaux et politiques: dérive des immigrés, Africains échoués à Paris (sur un air de Sting), plaidoirie pour une ouverture des frontières occidentales, bataille contre l'excision, soldats américains et britanniques en Irak, voeu d'une Côte-d'Ivoire à nouveau unie et prospère, on en passe.

Mis à part leur hypersimplicité poétique (exprimée en français), les paroles engagées du chanteur (parfois aidé par Magyd Cherfi, notamment) reposent sur un roots reggae bien baraqué.

Le groove y est solide, les refrains accrocheurs, sans compter les arrangements de cuivres et compléments d'instruments traditionnels d'Afrique de l'Ouest - ce qui démarque Tiken Jah de ses modèles rastas. À tout le moins efficace.

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Tiken Jah Fakoly, L'Africain, Barclay