Quatorze ans après sa dernière scène aux FrancoFolies, 11 ans après avoir annoncé ses adieux, l'heure était aux retrouvailles entre le groupe Zébulon et ses fans, samedi soir, en plein centre-ville.

Ainsi, les deux concerts offerts sur la grande scène extérieure des Francos (à 21 h et 23 h) seraient un prélude à une compilation sertie d'inédits, puis à un nouvel album entièrement constitué de nouvelles chansons. Tenez-vous-le pour dit: Zébulon est de retour, non sans un enthousiasme certain, comme on a pu le constater samedi lors du concert de 21 h.

Avant même que les premières notes aient résonné, c'était comme si le proverbial temps s'était arrêté. Les costumes de scène, identiques à ceux qu'arboraient les quatre musiciens il y a, hum, 15 ans déjà...

Marc Déry et son t-shirt sans manches. Son frère Yves, guitariste, arrive encore à se glisser dans sa vieille salopette - à moins qu'il s'en soit acheté une nouvelle? Aux claviers, Yves Marchand porte son éternel kilt et sa casquette. Pas remarqué ce que portait Alain Quirion, mais il avait quand même ressorti de la garde-robe la peau griffée «Zébulon» qui ornait sa grosse caisse.

Vint l'intro de gazou, annonçant la salace chanson à répondre a cappella Merry Christmas. Et vlan! Les souvenirs en pleine poire.

Ces harmonies à quatre voix. La signature «zébulonesque»! Et le ton humoristique, lorsqu'il n'est pas noir (ah! qu'il était difficile, l'amour au masculin, dans les chansons de Zébulon!). Autour de moi, les fans avaient la banane. Tous ces concerts endiablés vécus à l'époque leur revenaient en mémoire.

Mais à nous, maintenant, «la trentaine», comme pour le personnage «cocufieur» de Job Steady, deuxième chanson du concert. La trentaine, certes, mais pas la bedaine (ou si peu...), ni «la grosse BM». Les quadragénaires sur scène n'ont d'ailleurs même pas osé modifier le texte pour l'emmener en 2008.

Si le nouvel album annonce que Zébulon a encore un avenir, pour l'heure, le groupe se paie un trip nostalgique pleinement assumé. Après Job Steady, Le gardien du secret, boogie rock sur le thème des histoires d'amour cégépiennes, rendu avec un entrain presque aussi contagieux qu'à la belle époque où le groupe concourait à l'Empire des futures stars.

Même l'introduction de Marc Déry pour la chanson Libido était au mot près ce qu'il nous servait dans les années 90! Entre certaines chansons moins connues du second album, les vrais classiques, Ça fait mal en d'dans (la meilleure de la soirée, encore déchirante!), Adrénaline, le duo de chansons d'Yves Marchand, Apocalypse et l'hilarante Les Veuves de chasse. Le groupe a conclu avec énergie en rappelant à notre mémoire que Les Femmes préfèrent les Ginos, puis l'histoire, grossièrement exagérée, de la vieille Marie-Louise...

Strictement du point de vue de la performance, Zébulon a fait un retour convaincant. Les gars semblent avoir vraiment envie de redonner un second souffle à ce groupe, malgré les années et les différents projets qui les ont un peu éloignés.

Reste que le son de Zébulon a pris des rides. Alors que le rock québécois moderne se conjugue avec Karkwa, Malajube et autres Bonjour Brumaire, Zébulon pourrait presque passer pour un anachronisme. Quoique, en regardant de près la programmation musicale des radios commerciales, on réalise que la place que le groupe a laissée en 1997 est encore toute chaude...