Trafic aérien, la première de ces huit chansons, décrit bien le personnage. Exprimée dans un français normatif, la première phrase de son deuxième texte évoque un manque d'air à la suite de l'étreinte qui conclut une séparation, un départ, à vous de choisir.

La voix haut perchée, l'élégance de l'esthétique et la propension à la métaphore évanescente de cet Alexandre Désilets résument sa personnalité éminemment complexe.

Les ambiances orchestrales et les choix harmoniques de ces chansons n'inspirent pas exactement la pensée positive ou quelque hop la vie, ce spleen léché peut sembler un peu lourd par temps gris mais bon...

Si cet art n'a pas pour objet de mettre de bonne humeur, il exprime une hypersensibilité et un talent évidents. Très bon chanteur qui use souvent d'une voix de fausset, Désilets témoigne subtilement d'une vaste culture traversée par quelques décennies de musique électronique, chanson française et pop américaine/britannique.

La réalisation de Jean Massicotte, un de nos plus accomplis, est certes pour quelque chose dans la facture d'ensemble.

Ce soir, 22 h, avec Pauline Croze, au Cabaret Juste pour rire

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* * * 1/2

Alexandre Désilets, Esclalader l'ivresse, Maisonnette