Après deux ans de tournée, les Chick'n Swell présentent leur spectacle en rappel à Juste pour rire. Discussion sur le manque de budget, la fin du monde et l'humour extrême.

«Ah oui, toi c'est la gang de: «on est poche, mais on dit qu'on n'a pas de budget, alors ça passe»», lance Benoît Roberge à Simon-Olivier Fecteau, ancien membre des Chick'n Swell, dans une capsule web du Cas Roberge.

La satire illustre avec brio le charmant paradoxe des Chick'n Swell. La bande de Victo a la réputation de manquer de budget. Mais leurs spectacles en engloutissent probablement plus que n'importe quel autre du milieu. Elle porte aussi la réputation - nullement péjorative - d'offrir des mises en scène broche à foin. Mais ces mises en scène cachent en fait une rare ingéniosité.

Là réside leur charme. On cherche encore des humoristes s'étant créé une esthétique aussi singulière. Et aussi irrésistible.

«Nos débuts ont sûrement aidé, avoue Daniel Grenier. Pour notre première émission, on n'avait pratiquement pas d'argent. Ça travaille la débrouillardise.»

Ce n'est plus le cas. En tournée, les Chick trimballent une voiture remplie d'accessoires pour reproduire leurs scènes de saut de parachute, de poursuites de voitures et autres délires. L'humour provient autant des textes que de la mise en scène déjantée.

«Quand je joue James McGregor, je porte quelques couches de vêtements, raconte Francis Cloutier. Le veston est en velcro. Comme cela, je peux l'enlever en deux secondes, et le prochain costume est prêt.»

La tournée dure depuis deux ans. Après 80 spectacles, elle est très rodée. Mais quelques accrochages ont compliqué certaines des premières représentations.

«À un moment, Daniel se transforme en spermatozoïde. Je dois alors l'aider à entrer dans un condom géant. Mais dans un des premiers shows, on avait oublié le condom dans une pile de l'autre côté de la scène. Il me regardait l'air énervé, en disant : allez, trouve-le! Finalement, je lui ai enfilé un chandail», se souvient Ghyslain Dufresne.

Une discussion avec les Chicks dérape immanquablement. Leur lent débit distrait cache un étonnant sens de la répartie. Notre simple question débouche sur des élucubrations d'apocalypse. Quelques secondes suffisent pour être absorbé dans leur univers.

- «Les gens annoncent toujours la fin du monde. Quand j'étais jeune, ils la prévoyaient déjà», lance Daniel Grenier.

- «Peut-être que c'est juste la fin du monde tel qu'il est présentement», répond Ghyslain Dufresne.

- «C'est relatif. Quand il n'y aura plus d'ours polaire, ce sera la fin du monde pour les ours polaires», ajoute Francis Cloutier.

Retour à nos moutons. Côté budget, Daniel Grenier raconte que les Chick ont déjà brûlé 50 000 $ pour une courte apparition dans un gala Juste pour rire, où un train descendait du plafond et un avion sortait du mur. Puis, il rappelle que le spectacle actuel met en vedette un dessin 2D du Colonel Sanders qu'il a dessiné dans sa cour. Deux façons de tester sa créativité, explique-t-il.

Il colle ensuite sa bouche à quelques millimètres de notre enregistreuse.

«Nous on fait de l'humour ex-trême. It is the Extreme Humor that we do

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Les Chick'n Swell, en supplémentaire au Théâtre Saint-Denis demain, vendredi et samedi à 20 h.