Le troisième mot qu'ils ont prononcé était le F-Word. Le ton était donné: invités à participer à Just for Laughs, Trey Parker et Matt Stone n'étaient pas en mode censure.

L'esprit (la chair et les os aussi) irrévérencieux de South Park s'est ainsi retrouvé sur la scène du cinéma Impérial, hier à 19 h et à 21 h 30. Ce, pendant à peine plus d'une heure en ce qui concerne la première des deux représentations. C'est peu. Et c'est le seul bémol de cette rencontre mémorable entre deux créateurs de qui on peut s'attendre à tout mais pas à n'importe quoi - la série-culte dont ils tiennent les rênes depuis 12 saisons parle (et jure) d'elle-même.

Dérogeant à la tradition, ils ne se sont pas livrés (comme les équipes des Simpsons et de Family Guy) à l'interprétation en direct d'un épisode mais ont plutôt répondu aux questions de l'animateur Paul Provenza. Et ils ont chanté - Trey Parker au piano, Matt Stone aux percussions. Et ils ont fait chanter leurs fans. Beau, d'entendre la salle entonner en choeur et de plus en plus vite la très édifiante Kyle's Mom's a Bitch.

Il a ainsi été question du (bien-aimé) Canada, de Tom Cruise, de censure, de techniques d'animation pour les épisodes atypiques (World of Warcraft, entre autres), de «la pire des chansons de Noël jamais écrites» (que l'on a enfin pu entendre et comprendre!), avec un détour sympa par les débuts du tandem qui ne fait pas que «de petites choses merdiques»: «Nous sommes conscientisés», a assuré Trey Parker avant de se lancer dans une mémorable interprétation de Everyone Has AIDS. Un extrait de Team America, donc. Du délire pur et (pas si) simple.

Les meilleurs moments de la soirée concernaient d'ailleurs ce film jouissif. Il a été question de la fameuse scène de sexe entre les marionnettes - en long, en large et en travers. Et puis, l'interprétation de l'hymne (!) au film Pearl Harbor et celle de America F... Yeah! pour terminer la soirée, c'était de l'ordre du grand. Un moment, quoi.